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Neurologie

Narcolepsie : une origine auto-immune ?

Par Diane Cacciarella

Des chercheurs ont traité la narcolepsie avec un médicament initialement utilisé pour la sclérose en plaques.

gorodenkoff/iStock
La narcolepsie se caractérise par une somnolence diurne excessive et des endormissements irrépressibles qui peuvent survenir à tout moment de la journée.
Des chercheurs ont réussi à réduire les symptômes d’une patiente en utilisant un traitement contre la sclérose en plaques, une maladie auto-immune.
D’autres études avaient déjà montré que les cellules productrices d’hypocrétine (neurotransmetteur qui maintient les gens éveillés) pouvaient survivre à une attaque auto-immune.

1 personne sur 3 à 5.000 est touchée par la narcolepsie, selon l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Cette maladie chronique se caractérise par une somnolence diurne excessive et des endormissements irrépressibles qui peuvent survenir à tout moment de la journée. La durée du sommeil nocturne des personnes qui en sont atteintes est généralement normale mais de mauvaise qualité. Selon l’Inserm, cette pathologie est incurable.

La narcolepsie, une maladie due à une attaque auto-immune

Mais une nouvelle étude, publiée dans la revue JAMA Network, pourrait bien offrir de nouveaux espoirs de guérison. Dans ces travaux, les chercheurs font état du cas de Kelsey Biddle, une patiente qui a commencé à avoir de fortes somnolences en 2018 et qui a participé à cet essai clinique. 

La narcolepsie peut éventuellement être accompagnée d’attaques de cataplexie, une perte brusque du tonus musculaire, selon le Vidal. Aujourd’hui on parle davantage de narcolepsie de type 1 au lieu de narcolepsie avec cataplexie. Selon le Centre de Référence des Narcolepsies et Hypersomnies Rares, la narcolepsie de type 1 “est causée par la déficience quasi complète et exclusive d'un neurotransmetteur [qui maintient les gens éveillés et alertes] : l’hypocrétine (appelée aussi orexine), par perte sélective des neurones hypothalamiques le synthétisant.” 

Les chercheurs de l’étude ont voulu confirmer ou infirmer que la narcolepsie de type 1 se développait à cause d'une attaque auto-immune sur une partie du cerveau. En effet, certains scientifiques estiment que cette maladie pourrait être auto-immune comme le diabète de type 1, c’est-à-dire due à un dysfonctionnement du système immunitaire conduisant ce dernier à s’attaquer aux constituants normaux de l’organisme. Certains experts pensent également qu'il serait possible de sauver certains neurones en danger et de réduire la gravité des symptômes.

Réduction des symptômes de la narcolepsie 

Le facteur de risque génétique le plus important pour la narcolepsie de type 1 est une variante du gène de l'antigène leucocytaire humain (HLA). Normalement, le HLA code une protéine qui participe à l'activation des lymphocytes T. "Nous avons pensé: si c'est principalement axé sur les lymphocytes T, essayons d'empêcher les lymphocytes T de se déplacer dans le cerveau", explique Tom Scammell à propos du cas de Kelsey Biddle.

La patiente a d’abord reçu de l'immunoglobuline intraveineuse (IgIV) mais l’a mal supporté. Les scientifiques lui ont donc donné du natalizumab, un médicament approuvé par la Food and Drug Administration (FDA) pour une utilisation chez les patients atteints de sclérose en plaques, une maladie auto-immune. Ainsi, les niveaux d'hypocrétine dans le liquide céphalo-rachidien de Kelsey Biddle ont baissé. Les scientifiques estiment ainsi que les gènes ne sont pas tués par la narcolepsie. Forts de l’amélioration des symptômes de la patiente, l’équipe de chercheurs a décidé d'arrêter le traitement au natalizumab au bout de quelques mois, mais ils se demandent s'ils auraient observé un effet plus important en commençant plus tôt.

D’autres chercheurs ont également travaillé sur ce sujet. Dans cette étude publiée dans la revue PNAS, les scientifiques soutiennent que chez les personnes atteintes de narcolepsie de type 1, les cellules productrices d'hypocrétine pourraient survivre à une attaque auto-immune. "Nos résultats suggèrent que les personnes atteintes de narcolepsie n'ont pas perdu leurs neurones à hypocrétine, indique Mehdi Tafti l’un des auteurs. Cela nous donne l'espoir que l'état de la maladie pourrait être inversé."