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Ophtalmologie

Déficience visuelle : les séniors vivant dans des villes chaudes davantage atteints

Par Virginie Galle

Les seniors résidant dans des villes où les températures sont élevées sont plus susceptibles de souffrir de déficiences visuelles.

AaronAmat/iStock
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Le risque de déficience visuelle grave est 44 % plus élevé pour les personnes âgées vivant dans des villes où la température moyenne est égale ou supérieure à 15,5 °C.
L’association entre la température moyenne et les déficiences visuelles graves était forte, quels que soient l'âge, le sexe, le revenu et le niveau d'éducation des seniors.
Une exposition accrue aux rayons ultraviolets, la pollution atmosphérique, les infections et la dégradation de l'acide folique, sous l'effet de l'augmentation de la température, pourrait expliquer cette association.

"Plusieurs petites cohortes ont associé l'exposition à une température élevée à des problèmes de vision spécifiques. Cependant, aucune recherche à grande échelle n'a examiné ce lien", ont indiqué des chercheurs de l’université de Toronto. C’est pourquoi ils ont réalisé une étude, dont les résultats ont été publiés dans la revue Ophthalmic Epidemiology. Dans le cadre des travaux, l’équipe a analysé une enquête menée auprès de 1.707.333 Américains âgés de 65 ans et plus. La question sur la déficience visuelle, qui a été posée, était la suivante : "cette personne est-elle aveugle ou a-t-elle de sérieuses difficultés à voir même lorsqu'elle porte des lunettes ?". Ensuite, les scientifiques ont obtenu les données sur les températures moyennes auprès de la National Oceanic and Atmospheric Administration. 

Déficiences visuelles : 44 % de risque en plus en cas de températures supérieures à 15,5 °C

Selon les résultats, les adultes qui vivaient dans des villes où la température moyenne était égale ou supérieure à 15,5 °C avaient plus de risques de souffrir de graves déficiences visuelles que ceux qui vivaient dans des villes plus fraîches. Dans le détail, par rapport aux personnes vivant dans des villes où la température moyenne est inférieure à 10 °C, le risque de déficience visuelle grave est 14 % plus élevé pour les personnes vivant dans des villes où la température moyenne est comprise entre 10 °C et 12 °C, 24 % plus élevé pour les personnes vivant entre 12 °C et 15°C et 44 % plus élevé pour les personnes vivant dans des villes où la température moyenne est égale ou supérieure à 15,5 °C.

"Ce lien entre la déficience visuelle et la température moyenne d’une ville est très inquiétant si les recherches futures déterminent que l'association est causale. Avec le changement climatique, nous nous attendons à une augmentation des températures mondiales. Il sera important de surveiller si la prévalence des déficiences visuelles chez les personnes âgées augmente à l'avenir", a déclaré le professeur Esme Fuller-Thomson, auteur des travaux, dans un communiqué

Les causes restent mystérieuses

Cette association observée entre la température moyenne et les déficiences visuelles graves était forte, mais le mécanisme à l'origine de ce lien reste un mystère. Les auteurs de l'étude avancent plusieurs hypothèses pour l’expliquer, notamment une exposition accrue aux rayons ultraviolets, la pollution atmosphérique, les infections et la dégradation de l'acide folique sous l'effet de la hausse de la température moyenne.

"Cette nouvelle découverte soulève plus de questions qu'elle n'apporte de réponses, notamment en ce qui concerne le lien entre la température moyenne d’une ville et les troubles de la vision. À l'avenir, nous prévoyons d'étudier si la température d’une ville est également associée à d'autres handicaps chez les personnes âgées, tels que les problèmes d'audition et les limitations dans les activités quotidiennes", a conclu Esme Fuller-Thomson.