Les Français sont nombreux à prendre des calmants. D’après des données de l’ANSM datant de 2015, plus d’un Français sur dix consomme des benzodiazépines. Ces médicaments sont prescrits contre l’anxiété, le stress ou l’insomnie. Mais ils peuvent entraîner une dépendance et différents effets secondaires. Des chercheurs se sont récemment intéressés à leurs effets en cas de grossesse. Les résultats de leur étude sont parus dans The Lancet Psychiatry.
Anxiété : comprendre les effets des traitements sur les enfants exposés pendant la grossesse
"Les benzodiazépines sont couramment prescrits pour l'anxiété et l'insomnie pendant la grossesse", rappellent les auteurs en préambule de leur étude. Mais leurs effets sur les nouveaux-nés sont mal connus. Dans leurs travaux, les chercheurs ont cherché à comprendre l’association entre la prise de ces médicaments au début de la grossesse et le risque de naissance prématurée, de petite taille de l’enfant à la naissance ou encore de décès. Ils ont utilisé trois bases de données différentes, avec les informations de femmes âgées de 15 à 50 ans qui ont accouché entre le 1er janvier 2004 et le 31 décembre 2018. Au total, cela représentait près de trois millions de femmes. Plus de 75.000 avaient reçu au moins une prescription de benzodiazépines pendant les vingt premières semaines de grossesse.
Les benzodiazépines augmentent le risque de poids faible à la naissance
"Les femmes exposées au médicament pendant la grossesse étaient plus âgées (l’âge moyen à l'accouchement était de 31 ans pour les femmes exposées contre 30,6 ans pour les femmes non exposées), avaient une prévalence plus élevée de troubles psychiatriques et étaient plus susceptibles d'avoir des habitudes de vie malsaines que les femmes non exposées", précisent les auteurs.
Concernant les bébés, les scientifiques estiment que la prise de ces traitements n’est pas associée à un risque plus élevée de décès à la naissance, compte tenu des différentes données qu’ils ont analysées. Il n’y avait pas non plus de lien avéré entre la prise de ces médicaments au début de la grossesse et le risque de naissance prématurée. En revanche, elle peut augmenter le risque de petite taille à la naissance. "Des risques considérablement accrus de décès à la naissance et de naissance prématurée ont été observés pour l'exposition en fin de grossesse", précisent-ils.
Benzodiazépines : des médicaments à utiliser avec précaution
De manière générale, ces médicaments doivent susciter la vigilance. Ils "engendrent rapidement une dépendance et leurs effets indésirables ne sont pas négligeables", souligne le ministère de la Santé. Il rappelle qu’en cas de troubles du sommeil, il ne faut pas dépasser quatre semaines de traitement et douze en cas de symptômes anxieux. "Au-delà, l’efficacité des benzodiazépines diminue et le patient s’expose à un risque de dépendance physique et psychique ce qui rend leur arrêt particulièrement difficile", prévient le ministère. La prise comme l’arrêt doivent se faire avec l’accompagnement d’un professionnel de santé.