Environ 20 % des naissances en France sont réalisées par césarienne. Cette intervention sauve des vies mais elle perturbe aussi le processus naturel de transmission du microbiote intestinal de la mère à l'enfant. Or celui-ci joue un rôle crucial dans le développement du système immunitaire et la prévention de certaines pathologies comme les allergies, l'obésité ou les problèmes inflammatoires intestinaux.
Des chercheurs de l'INRAE, en collaboration avec l’Université Paris-Saclay, ont voulu mieux comprendre les mécanismes derrière ces perturbations et ont fait une découverte de taille.
Césarienne : les bébés ont un microbiote très diversifié les premiers jours
Pour cette étude parue dans la revue Microbiome, l'équipe a mené des travaux sur des souris nées par césarienne. Les analyses ont montré que ces souriceaux avaient un microbiote intestinal très diversifié dès les premiers jours de leur vie. Ces fortes concentrations entraînaient une stimulation excessive de l'intestin et une réaction inflammatoire chez les nouveaux-nés.
"Plus précisément, ce sont les cellules qui produisent le mucus qui sont perturbées. Le mucus est une substance visqueuse et constitue l’un des premiers moyens de défense du corps au niveau de l'intestin", notent les scientifiques dans leur communiqué de presse publié ce 4 juillet 2023.
Des lactobacilles pour réduire l'inflammation après une césarienne
Face à ces résultats, les chercheurs ont exploré les solutions pouvant contrer les effets néfastes de la césarienne sur le microbiote intestinal des bébés. Ils ont découvert que supplémenter l'alimentation des nouveaux-nés avec des lactobacilles - des bactéries présentes naturellement dans l'intestin - permettait d'inverser la sensibilité à l'inflammation. Cette approche semble prometteuse pour corriger les altérations précoces du microbiote causées par la césarienne et limiter les risques de complications inflammatoires en grandissant.
"Ces altérations précoces de microbiote perturbent donc le développement de l’intestin, ce qui pourrait expliquer la sensibilité excessive à l’inflammation à l’âge adulte. Des premières pistes se dessinent pour pallier cette altération", écrivent les chercheurs.
Toutefois, des études complémentaires seront nécessaires pour mieux comprendre ces mécanismes et développer des interventions adaptées.