Il reste encore du chemin à parcourir en ce qui concerne la santé des femmes et particulièrement la question de l’endométriose, qui touche près de 10 % des femmes et des filles en âge de procréer à l'échelle mondiale, soit 190 millions de personnes.
D’après une étude publiée dans “Obstetrics & Gynaecology", le diagnostic de ce trouble qui se caractérise par le développement de tissu semblable à la muqueuse utérine en dehors de l’utérus, est souvent retardé à cause de facteurs qui mettent en danger les femmes.
Endométriose : une maladie difficile à diagnostiquer pour plusieurs raisons
En effet, d’après les chercheurs, ce retard serait notamment dû à la stigmatisation persistante des règles, la normalisation par la société des douleurs menstruelles et le manque de formation médicale sur cette maladie extrêmement douloureuse, épuisante, qui interfère avec la vie quotidienne et peut conduire à la stérilité.
"Cette maladie chronique est associée à des douleurs aiguës et perturbantes au moment des règles, pendant les rapports sexuels et au moment de déféquer et/ou d’uriner, à des douleurs pelviennes chroniques, des ballonnements, des nausées et de la fatigue, et parfois à une dépression, de l’angoisse et une infertilité. Il n’existe actuellement pas de remède contre l’endométriose ; tout traitement vise généralement à en soulager les symptômes", indique l’OMS.
Le Dr Sophie Davenport, qui a dirigé les recherches et travaille maintenant comme médecin au sein du Service de Santé National du Royaume-Uni (NHS), a déclaré : "La société a traditionnellement normalisé les douleurs menstruelles, et nous devons donc repenser ce qui constitue des règles "non normales". Si les symptômes affectent la vie quotidienne, si la femme ne va pas au travail ou à l'école, ou si elle est incapable de mener une vie sociale, c'est un signe clair qu'une intervention médicale est nécessaire".
Endométriose : une question de santé prioritaire
En examinant des études réalisées au cours des 20 dernières années, les chercheurs ont constaté que les femmes participant aux études n'étaient souvent pas sûres que leur douleur était suffisamment inhabituelle ou grave pour qu'elles cherchent à se faire soigner.
"De plus, lorsqu'elles le faisaient, certaines trouvaient que leur médecin généraliste doutait de leurs symptômes, voire les rejetait. Les médecins généralistes de deux des études ont eux-mêmes admis qu'ils avaient du mal à différencier les douleurs problématiques des symptômes menstruels ordinaires", indiquent les auteurs.
En effet, les médecins ne reçoivent que peu de formation à ce sujet à l'école de médecine et les symptômes de l'endométriose peuvent varier considérablement et se superposer à d'autres affections courantes, de sorte que les signes peuvent être difficiles à déceler.
"Compte tenu du nombre de femmes touchées, nous pensons qu'il devrait y avoir une formation supplémentaire et obligatoire sur les troubles menstruels pendant les études de médecine. À l'heure actuelle, sur les cinq années de formation médicale, quatre semaines seulement peuvent être consacrées à la gynécologie et, pendant cette période, l'endométriose peut être à peine mentionnée”, indique le Dr Davenport qui considère qu’il est temps d’en faire une priorité.