Elle touche près de 600.000 personnes en France. La schizophrénie est une pathologie psychiatrique chronique, qui se caractérise par une perception perturbée de la réalité, des manifestations productives (idées délirantes, hallucinations…), et des manifestations passives (isolement social et relationnel).
Schizophrénie : les mutations somatiques pourraient-elles être des facteurs de risque ?
L’origine de la schizophrénie est multi-factorielle. "Son développement résulterait d’une interaction entre gènes et environnement, suggérant qu’il existe une vulnérabilité génétique précipitée par des facteurs environnementaux", a expliqué l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Dans une étude parue dans la revue Cell Genomics, des chercheurs ont également observé un lien entre cette pathologie et les mutations somatiques, qui se produisent in utero, mais après que le matériel génétique ait été hérité. Cette recherche fait partie des premières à décrire la corrélation entre les mutations génétiques somatiques non héréditaires et le risque de schizophrénie.
Pour les besoins de cette recherche, les scientifiques du Boston Children’s Hospital (États-Unis) ont analysé les données liées aux génotypes et aux marqueurs de plus de 20.000 échantillons de sang de personnes touchées ou non par la schizophrénie. Les chercheurs ont alors observé que les gènes NRXN1 et ABCB11 sont associés à des cas de schizophrénie lorsqu’ils ont subi une mutation somatique in utero.
Deux mutations somatiques in utero associées à la schizophrénie
Dans de précédentes études, le gène NRXN1, qui contribue à la transmission des signaux dans le cerveau, avait déjà été associé à la schizophrénie. Cependant, cette recherche est la première à établir un lien entre les mutations somatiques non héréditaires du NRXN1et cette pathologie. Quant au gène ABCB11 identifié par l’équipe américaine, il s’agit de la première fois qu’il est corrélé à un risque de schizophrénie. "Ce gène est sorti de nulle part pour nous (…) Certaines études ont associé des mutations de ce gène à la schizophrénie résistante au traitement, mais il n'a pas été fortement impliqué dans la schizophrénie en tant que telle", a indiqué Eduardo Maury, participant à l’étude et étudiant dans le programme MD-PhD de Harvard-MIT.
Au cours de la recherche, les chercheurs ont également constaté que le gène l'ABCB11 est aussi exprimé dans des sous-ensembles très spécifiques de neurones qui transportent la dopamine du tronc cérébral vers le cortex cérébral. Or, certains médicaments contre la schizophrénie agissent sur ces cellules, afin de réduire les niveaux de dopamine chez un patient. Aux yeux des scientifiques, cette hypothèse pourrait expliquer pourquoi le gène est associé à la résistance au traitement.
Les mutations somatiques non-héréditaires pourraient donc constituer des facteurs de risque favorisant l’apparition de la schizophrénie à l’âge adulte. "Avec cette étude, nous montrons qu'il est possible de trouver des variantes somatiques dans un trouble psychiatrique qui se développe à l'âge adulte (…) Cela nous amène à nous interroger sur les autres troubles qui pourraient être régulés par ce type de mutations", a complété Eduardo Maury.