Les maladies coronariennes sont généralement dues à une accumulation de cholestérol dans les artères coronaires. Elles apparaissent vers 60 ans, mais il arrive qu’elles surviennent chez des personnes jeunes avec un taux de cholestérol normal et sans facteur de risque. Ces cas interrogent les scientifiques, mais une nouvelle étude apporte une explication : chez les trentenaires, la maladie coronarienne serait consécutive à une mutation génétique. Les résultats de ces travaux sont parus dans European Heart Journal.
Qu’est-ce que l’athérosclérose ?
La maladie coronarienne, appelée athérosclérose, correspond à une accumulation de graisses, de cholestérol et d'autres substances dans et sur les parois des artères. "Elle peut se développer avec le temps et la plupart des gens ne savent pas qu'ils en sont atteints jusqu'à ce qu'ils soient victimes d’une crise cardiaque ou d’un accident vasculaire cérébral, expliquent les auteurs de cette étude, des chercheurs de l’université du Texas. Les facteurs de risque traditionnels sont l'hypercholestérolémie, l'hypertension artérielle, le diabète, le tabagisme, l'obésité, le manque d'exercice physique et une alimentation riche en graisses."
Athérosclérose : quel est le rôle du gène ACTA2 ?
Dès 2009, une étude a démontré que des variations du gène ACTA2 pouvaient augmenter le risque de développer la maladie chez les personnes jeunes. Ce gène se trouve dans les cellules musculaires qui tapissent les artères et qui leur permettent de se contracter pour contrôler la pression artérielle et le débit. "En cas de mutation, la protéine codée par ce gène n'est pas repliée correctement et cela déclenche un stress dans la cellule musculaire, ce qui l’oblige ensuite à fabriquer plus de cholestérol en interne, quel que soit le taux de cholestérol dans le sang, entraînant la formation de plaques d’athérosclérose", précisent les auteurs de cette étude.
Dans leurs travaux, ils ont modifié génétiquement une souris pour qu'elle soit dotée d’une mutation du gène ACTA2. Les chercheurs ont nourri ces animaux avec un régime riche en cholestérol, ce qui a induit l’athérosclérose. Cela a confirmé le constat de leur prédécesseur : ces souris souffraient beaucoup plus d'athérosclérose que celles qui n’avaient pas eu la modification génétique mais qui suivaient le même régime.
Une piste de traitement contre l’athérosclérose chez les sujets jeunes
L’étude montre aussi que cette augmentation de l'athérosclérose peut être inversée en traitant les souris avec de la pravastatine, une molécule du groupe des statines couramment prescrite pour baisser le cholestérol sanguin. "Chez les personnes atteintes de la mutation du gène ACTA2, les statines bloquent le cholestérol fabriqué par les cellules musculaires stressées", précise Dianna Milewicz, autrice principale de cette étude. Selon elle, il pourrait être utile de réaliser des imageries cardiaques chez les personnes présentant la mutation génétique, afin de démarrer le traitement par les statines suffisamment tôt. En l’absence de traitement, l’athérosclérose peut avoir de graves complications. La rupture des plaques peut générer un caillot, responsable d’un infarctus ou d’un accident vasculaire cérébral. Elle est la cause de 80 % des morts subites selon l’Inserm.