Une femme sur deux prend entre 3 et 5 kilos pendant son traitement par chimiothérapie. "La surcharge peut atteindre 13 kilos", précise l’association Roseup dans un article consacré à la prise de poids pendant le cancer. Une nouvelle étude, parue dans BMC Medicine, fournit une piste d’explication. Selon ses auteurs, des changements du microbiote intestinal, liés à la chimiothérapie, seraient responsables de cette prise de poids.
Prise de poids et chimiothérapie : le mode de vie ne permet pas de l’expliquer
Cette équipe de l'Université de l'Alberta a découvert que les patients traités par chimiothérapie pour un cancer du sein perdaient de la masse musculaire et gagnaient de la graisse abdominale. "Les gens sont généralement un peu moins actifs pendant et après la chimiothérapie, mais ils ont aussi tendance à réduire considérablement leur apport calorique", explique John Walker, professeur à la Faculté de médecine et chef du département d'oncologie au Cross Cancer Institute de l’université d’Alberta, et co-directeur de cette étude. Ainsi, les changements alimentaires ou les modifications de l’activité physique ne sont pas des éléments suffisants pour expliquer la prise de poids pendant le traitement.
Cancer du sein : la prise de poids est liée au microbiote intestinal
L’étude réalisée par le chercheur et son équipe a permis de constater que les personnes soignées par chimiothérapie pour un cancer du sein présentaient également des signes d'inflammation et des changements significatifs dans le nombre et la variété de bactéries dans leurs intestins. "Les changements dans les populations bactériennes de l'intestin sont directement corrélés à une prise de poids et à une augmentation de la graisse corporelle chez les patientes atteintes d'un cancer du sein qui ont été traitées par chimiothérapie", conclut John Walker.
Pourquoi il est primordial de limiter la prise de poids pendant la chimiothérapie ?
Selon lui, ces résultats ne sont pas surprenants car les médicaments utilisés pour la chimiothérapie sont parfois des dérivés d’antibiotiques, et sont métabolisés par le foie puis l’intestin. Le microbiote intestinal pourrait devenir une cible pour la prévention de la prise de poids pendant le traitement.
"Limiter sa prise de poids est en réalité une question de survie, souligne l’article de Roseup. Des études montrent que prendre environ 5 kg l’année qui suit le traitement augmente le risque de récidive et de développer d’autres cancers." Pour les chercheurs de l’université d’Alberta, il est ainsi primordial d’agir sur la prise de poids liée à la chimiothérapie. "Le cancer du sein est une réussite sans précédent en médecine, estime John Walker. Nous constatons aujourd'hui des taux de guérison supérieurs à 90 %. Nous voulons nous assurer que lorsqu’ils survivent, nos patients ne soient pas alors confrontés aux conséquences métaboliques de cette prise de poids pendant le traitement." En attendant le nouveau médicament ciblant le microbiote, il est possible de se faire aider par un professionnel de santé pour limiter la prise de poids. En France, la consultation d'un diététicien ou d'un nutritionniste à l'hôpital est prise en charge à 100 % pour les personnes atteintes de cancer.