- L’addiction à la cocaïne ou à l’alcool peut avoir des conséquences sur les circuits cérébraux.
- Cela se manifeste par une plus faible flexibilité cognitive, soit notre capacité cérébrale à nous adapter.
- Mais cela entraîne aussi une plus grande dépendance aux substances.
Plusieurs millions de personnes souffrent d’addiction en France, selon l’Inserm. Celle-ci a des conséquences importantes sur la santé : risque d’overdose, difficultés personnelles ou professionnelles, maladies. D’après une nouvelle recherche, parue dans la revue Nature, la dépendance à des substances a aussi des conséquences cérébrales. Les auteurs de cette étude décryptent les effets d’une addiction à l’alcool ou à la cocaïne sur les capacités cognitives.
Addictions : qu’est-ce que la flexibilité cognitive ?
D’après ces scientifiques, de l’école de médecine de l’université A&M du Texas, la dépendance à l'une ou l'autre de ces substances affecte notre flexibilité cognitive, qui est la capacité à s'adapter et à basculer entre différentes tâches ou stratégies. Elle est importante pour la réussite scolaire ou professionnelle et dans la transition vers l'âge adulte. "En vieillissant, cette flexibilité joue un rôle majeur dans l'atténuation du déclin cognitif", ajoutent-ils. De manière générale, un déficit de flexibilité cognitive a des conséquences négatives sur la qualité de vie. "Bien que des recherches antérieures aient fait allusion à ce lien, les raisons sous-jacentes de cette déficience cognitive restent insaisissables", précisent les auteurs.
Comment l’addiction agit sur les réseaux cérébraux ?
Leurs travaux démontrent que la consommation de substances comme l’alcool ou la cocaïne influence un groupe spécifique de neurones appelés neurones épineux moyens à voie directe striatale (dMSN), avec des projections vers une partie du cerveau connue sous le nom de substantia nigra pars reticulata (SNr). À l'inverse, la flexibilité cognitive est facilitée par les interneurones cholinergiques striataux (CIN). "Notre hypothèse était que l'augmentation de l'activité de dMSN due à la consommation de substances inhibe les CIN, entraînant une réduction de la flexibilité cognitive, explique Dr Jun Wang, professeur agrégé au Département de neurosciences l’école de médecine de l’université A&M du Texas. (…) Notre recherche confirme que la consommation de substances induit des changements durables dans la communication inhibitrice entre les dMSN et les CIN, atténuant par conséquent la flexibilité cognitive." Par ailleurs, cette communication entre dMSN et SNr renforce la consommation de drogue et d’alcool.
Déclin cognitif lié à la cocaïne et à l’alcool : de nouvelles méthodes de traitement ?
Face à ces conclusions, les scientifiques sont optimistes : leurs découvertes devraient permettre de trouver de nouvelles approches thérapeutiques pour soigner le déclin cognitif lié à l’addiction.
Quant au traitement de la dépendance en elle-même, l’Assurance Maladie rappelle que "la prise en charge d’une personne ayant des troubles addictifs repose généralement sur l’association d’un traitement médicamenteux, d’un suivi psychologique individuel et collectif et d’un accompagnement social". Les médicaments prescrits aident les personnes à supporter le sevrage ou peuvent aider à réduire la consommation. "Il n’existe pas de ‘recette’ magique, prévient l’Inserm. La prise en charge est souvent longue et semée de rechutes." L’organisme rappelle que le succès du sevrage dépend essentiellement de la motivation à se sevrer et de l’amélioration durable des conditions de vie et de l’estime de soi.