Humilier, menacer, faire peur, les formes sont différentes, mais la finalité est toujours la même : faire de l’enfant un souffre-douleur. Au collège et en primaire, un enfant sur dix est victime de harcèlement. Pour enrayer ce phénomène, le ministre de l’Education nationale lance ce mardi une campagne via internet et la télévision.
Bien souvent, aller à l’école devient une torture. C’est l’histoire d’Emilie racontée dans le journal La Croix. « Réservée, un peu artiste, amoureuse des chevaux, en un mot « différente » de la plupart des ados, la jeune fille a, pendant trois mois, reçu des menaces de mort et de viol de la part d’une camarade de classe, bientôt rejointe par tout un groupe d’élèves (…) ». Même l’officier de police qui a recueilli la plainte était choqué par les termes employés, se souvient la maman.
Et les familles touchées peuvent être victimes d’une double peine. L’encadrement scolaire tente parfois de minimiser les faits. « Les codes de communication ont changé (...), votre fille est trop bien élevée (...). Soit votre fille leur casse la figure, soit vous changez de collège », a répondu un membre de l’équipe de direction aux parents d’Emilie.
Cette dernière a dû trouver un autre établissement pour sortir de l'enfer. D’autres jeunes filles ne trouvent plus les ressources pour surmonter ces violences quotidiennes. En février dernier, rappelle le quotidien, une collégienne de l’Essonne s’est donnée la mort pour en finir avec les moqueries. Elle avait 13 ans.
Vincent Peillon souhaite s’appuyer sur des élèves-médiateurs pour prévenir ou calmer ces « incendies » de cours de récréation. Car, comme le souligne Nicole Catherine, pédopsychiatre, dans les colonnes du quotidien, « beaucoup d’adultes ont tendance à considérer qu’ils n’ont pas à se mêler "d’histoires de gamins" ». Et puis, ajoute François Portzer, président du Syndicat national des lycées et collèges, « il y a cette propension de l’administration à ne pas faire de vagues ».