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Vaccination

Maladie de Lyme : et si on vaccinait les tiques ?

Par Camille Sabourin

Des chercheurs de l'INRAE ont eu l'idée de mettre au point un vaccin ciblant le microbiote des tiques pour lutter contre la maladie de Lyme.

Ladislav Kubeš/istock
Les chercheurs d’INRAE, de l’Anses et de l’École nationale vétérinaire d’Alfort, ont mis au point une forme de vaccination indirecte ciblant les tiques pour lutter contre la maladie de Lyme.
Le vaccin est injecté à des souris. Quand celles-ci sont mordues par les tiques, les anticorps qu'elles ont développés, modifient le microbiote des parasites.
Les tiques ont alors moins de risques d'être infectées par la bactérie Borrelia et donc de transmettre la maladie de Lyme.

La maladie de Lyme, ou Borréliose de Lyme, est une pathologie transmise par les tiques infectées par la bactérie BorreliaActuellement, aucun vaccin n'est disponible pour protéger les humains de cette infection. Face à cette absence de solution, les scientifiques de l'INRAE, en collaboration avec l’Anses et l’École nationale vétérinaire d’Alfort, ont adopté une approche novatrice en cherchant à vacciner... les tiques !

Borréliose de Lyme : un vaccin "cheval de Troie" pour les tiques

Au lieu de développer un vaccin contre la borréliose de Lyme pour les individus, l'équipe a décidé de s'attaquer au problème à la source en vaccinant les tiques elles-mêmes. "Le concept repose sur un vaccin qui perturbe le microbiote de la tique. Pour leurs expériences, les chercheurs ont injecté le vaccin à des souris. Plus précisément, ils ont utilisé une autre bactérie, inoffensive dans ce contexte, comme cheval de Troie", explique l'IRNAE dans un communiqué publié le 24 juillet 2023.

La souche inoffensive d’Escherichia coli injectée aux rongeurs entraîne la fabrication d’anticorps par l'organisme. Ainsi si l'animal est mordu par une tique, ces derniers interagissent avec le microbiote du parasite et le modifient. La tique a alors un risque moindre d'être porteuse de la bactérie Borrelia, responsable de la maladie de Lyme.

Maladie de lyme : le vaccin réduit les risques de transmission

Les résultats des analyses des tiques après la morsure, publiés dans la revue Microbiome, montrent que celles qui ont mordu les rongeurs vaccinés portent significativement moins de Borrelia que celles qui ont été sur des animaux non vaccinés. Cette baisse de la présence de la bactérie dans les tiques indique que le vaccin cible efficacement le microbiote de ces parasites et réduit leur capacité à transmettre la maladie de Lyme.

En revanche, si le produit développé "protège" la tique contre la colonisation par les bactéries responsable de la Borréliose de Lyme, il ne protège pas la souris de la maladie.

"Ces travaux se concluent sur une double avancée : de nouvelles connaissances sur l’importance du microbiote dans l’infection des tiques par Borrelia et une possible stratégie de vaccination innovante. En effet, les résultats confirment que le microbiote des tiques est un élément primordial pour le développement de Borrelia dans la tique. Une donnée essentielle qui laisse envisager le développement d’une stratégie de vaccination innovante qui vise à perturber le microbiote du vecteur de l’agent de la maladie de Lyme", estime l'INRAE.