Le confinement mis en place lors de la pandémie de la Covid-19 a grandement perturbé notre quotidien. Mais pour la Dr Teodora Gliga, chercheuse d'University of East Anglia, cela a été l'occasion parfaite d'étudier l'impact de la sieste sur le développement cérébral des bébés.
"Parce que les crèches étaient fermées, cela perturbait moins les habitudes de sommeil naturelles des enfants", explique-t-elle dans un communiqué.
Ces travaux ont permis de découvrir que la structure du sommeil diurne peut être un indicateur du niveau de développement cognitif chez les tout-petits.
Bébé : les siestes longues associées à un vocabulaire moins étendu
Pour cette étude publiée dans la revue JCPP Advances le 27 juillet 2023, l'équipe a observé 463 bébés âgés de huit mois à trois ans pendant le confinement en 2020. Les chercheurs ont relevé leurs habitudes de sommeil, leur capacité à se concentrer sur une tâche, leur faculté à mémoriser des informations et le nombre de mots qu'ils comprenaient et pouvaient dire.
Les résultats ont montré que les enfants ayant un vocabulaire plus large et de meilleures compétences cognitives faisaient moins souvent la sieste que les autres. En revanche, les nourrissons avec des siestes plus fréquentes, mais plus courtes que prévu pour leur âge, avaient un vocabulaire moins développé et des performances cognitives moins bonnes.
"Nous avons également constaté que cette association négative entre le vocabulaire et la fréquence des siestes était plus forte chez les enfants plus âgés", précise l'experte.
Il ne faut pas empêcher les enfants de faire la sieste
Les chercheurs précisent que leurs travaux ne doivent pas conduire les parents à empêcher leurs enfants de dormir en journée. La réduction des siestes pour les petits ayant un vocabulaire moindre, ne contribuera pas à améliorer leur développement cérébral. Pour les scientifiques, la fréquence à laquelle un bébé dort reflète simplement son besoin cognitif individuel : certains consolident rapidement les informations de la journée, d'autres ont besoin d'un peu plus de temps... dans tous les cas, chaque enfant mémorise et apprend pendant son sommeil.
Ainsi, ils recommandent de laisser les jeunes enfants faire des siestes aussi souvent et aussi longtemps qu'ils en montrent le besoin. "Nos résultats suggèrent que les enfants ont des besoins de sommeil différents - certains enfants peuvent abandonner les siestes plus tôt parce qu'ils n'en ont plus besoin. D'autres peuvent encore avoir besoin de faire une sieste après l'âge de trois ans".
La scientifique spécialisée dans le développement des bébés assure aux parents qu'ils doivent arrêter de s'angoisser sur les temps de sommeil de leur progéniture. "Les jeunes enfants feront naturellement la sieste aussi longtemps qu'ils en auront besoin et ils devraient être autorisés à le faire", conclut-elle.