La pandémie de la Covid-19 semble avoir eu des répercussions inattendues sur les enfants. Une étude de l'université de Gênes montre une hausse des cas de puberté précoce chez les filles, c'est-à-dire l'apparition des premiers changements physiques comme le développement de la poitrine avant 8 ans, pendant l'épidémie de SARS-CoV-2.
Puberté précoce : quasiment autant de cas pendant la pandémie qu'en 4 ans
Les chercheurs ont évalué l'incidence de la puberté précoce avant et après la pandémie de la Covid-19 chez les filles en Italie. Ils ont compté 61 cas entre mars 2020 et juin 2021. Cela équivaut à quatre nouveaux cas par mois. A titre de comparaison, il y avait eu 72 cas de puberté précoce avant la crise, soit entre janvier 2016 et mars 2020. Ces résultats, parus dans la revue Journal of the Endocrine Society le 3 aout 2023, suggèrent une augmentation significative des cas pendant la pandémie.
"Notre étude confirme l'augmentation des diagnostics de puberté précoce pendant la Covid-19 et identifie les facteurs contributifs tels que de mauvaises habitudes alimentaires et d'exercice, trop de temps d'écran et des troubles du sommeil", précise Dr Mohamad Maghnie de l'Université de Gênes.
Puberté précoce et Covid-19 : l'obésité et l'hygiène de vie en cause ?
En effet, en plus de confirmer une hausse des cas de puberté précoce pendant la pandémie, les travaux transalpins semblent avoir mis en lumière une cause possible à ce trouble : un mode de vie déséquilibré. En effet, les filles diagnostiquées avec une puberté précoce pendant la pandémie de la Covid-19 avaient tendance à avoir un indice de masse corporelle (IMC) plus élevé que celles qui n'en souffraient pas. L'équipe a aussi remarqué que ces patientes passaient en moyenne 2 heures par jour à utiliser des appareils électroniques, et 88,5 % d'entre elles avaient arrêté toute activité physique.
"Nous avons constaté une augmentation de la prise de poids chez les filles diagnostiquées avec une puberté précoce pendant la pandémie, et une hausse rapide du poids corporel est associée à un développement pubertaire avancé", indique le chercheur dans un communiqué.
Mais il reconnaît que d'autres facteurs peuvent aussi expliquer la hausse des cas observée ces dernières années. "Le rôle du stress, l'isolement social, l'augmentation des conflits entre les parents, le statut économique et l'utilisation accrue de désinfectants pour les mains et les surfaces représentent d'autres hypothèses potentiellement intéressantes quant à la raison pour laquelle la puberté précoce augmente chez les jeunes. Bien que la conséquence de l'adaptation biologique ne puisse être entièrement exclue", conclut l'expert.