Une enfance difficile comprenant de la violence physique, de la maltraitance, des difficultés familiales ou une maladie grave peut avoir des conséquences à l’âge adulte. Dans une récente étude, des chercheurs de l’Université de San Francisco (États-Unis) ont remarqué une corrélation entre les expériences négatives vécues pendant l’enfance et les déficiences physiques et cognitives chez les personnes âgées. Ces travaux ont été publiés dans le Journal of General Internal Medicine, le 2 août 2023.
Quel est l’impact des traumatismes subis pendant l’enfance sur la santé physique et mentale ?
Pour les besoins de cette recherche, les scientifiques ont analysé les données du National Social Life, Health and Aging Project, une cohorte nationale menée auprès d'adultes américains âgés. Ils ont observé 3.400 participants âgés de 50 à 97 ans. Les volontaires ont été interrogés sur les différents types de traumatismes qu’ils ont pu vivre pendant leur enfance. Ces derniers ont également réalisé des tests d’équilibre, de marche, cognitif et de mémoire. Leurs difficultés à accomplir les activités de la vie quotidienne ont aussi été évaluées.
Environ 44 % des participants ont vécu au moins une expérience négative pendant leur enfance. Certains ont subi ou ont été témoins de violences tandis que d’autres ont vécu des épisodes de stress financier ou une séparation avec l’un de leurs parents. Une personne sur cinq a déclaré avoir vécu plus d'une expérience défavorable dans son enfance.
"Les expériences stressantes vécues au début de la vie peuvent être des marqueurs de risque de déficience fonctionnelle"
D’après les résultats de l’étude, 40 % des participants ayant expérimenté des violences étaient plus à risque d’avoir une mobilité réduite et 80 % étaient plus susceptibles d'avoir des difficultés dans leurs activités quotidiennes. Les volontaires ayant vécu dans des familles malheureuses étaient 40 % plus à risque de développer une déficience cognitive légère avec l’âge.
"Étant donné la fréquence des traumatismes liés à l'enfance chez nos participants, cela montre que les expériences stressantes vécues au début de la vie peuvent être des marqueurs de risque de déficience fonctionnelle et d'incapacité plus tard dans la vie (…) Cela a des implications pour les soins gériatriques : la reconnaissance précoce des traumatismes de l'enfance peut être utile pour identifier les adultes qui pourraient bénéficier de stratégies de dépistage ou de prévention du déclin fonctionnel associé au vieillissement", a affirmé Victoria M. Lee, auteure principale de l’étude et étudiante en médecine de l’Université de San Francisco, dans un communiqué.