L’antibiorésistance correspond à la capacité d’une bactérie à résister à l’action d’un antibiotique. La mauvaise utilisation et la surutilisation de ces médicaments peuvent notamment favoriser ce phénomène grave. Une étude, publiée dans la revue The Lancet Planetary Health, a également établi un lien entre la pollution atmosphérique et la résistance aux antibiotiques.
L’augmentation de la pollution de l'air est liée à une hausse de l’antibiorésistance
Pour parvenir à cette conclusion, les scientifiques de l’université de Zhejiang (Chine) ont développé un important ensemble de données, afin de déterminer si les PM2,5, des particules 30 fois plus petites que la largeur d’un cheveu humain, sont des facteurs responsables de l’antibiorésistance. Dans le cadre de cette recherche, ils ont utilisé les données de 116 pays entre 2000 et 2018. Au total, des données sur plus de 11,5 millions d'isolats de test ont été incluses dans l'analyse, comprenant neuf pathogènes bactériens et 43 types d’antibiotiques.
D’après les résultats, la résistance aux antibiotiques augmente avec les PM2,5. L’équipe a constaté que chaque augmentation de 1 % de la pollution atmosphérique est associée à une hausse de l’antibiorésistance comprise entre 0,5 et 1,9 %, en fonction de l'agent pathogène. L’étude a également révélé que l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient et l’Asie du Sud ont les niveaux les plus élevés de résistance aux antibiotiques.
Antibiorésistance et pollution de l’air : l’alerte des chercheurs
Dans leur rapport, les scientifiques ont également tiré la sonnette d’alarme : le niveau de résistance aux antibiotiques pourrait augmenter de 17 % si aucun changement n’a lieu dans les politiques mondiales pour diminuer la pollution de l'air d'ici 2050.
"La résistance aux antibiotiques et la pollution atmosphérique sont chacune l'une des plus grandes menaces pour la santé mondiale. Jusqu'à présent, nous n'avions pas une idée claire des liens possibles entre les deux, mais ce travail suggère que les avantages de la lutte contre la pollution de l'air pourraient être doubles : non seulement, elle réduira les effets nocifs d'une mauvaise qualité de l'air, mais elle pourrait également jouer un rôle majeur dans la lutte contre l'augmentation et la propagation des bactéries résistantes aux antibiotiques", a noté le Professeur Hong Chen, auteur principal de l’étude exerçant à l'université de Zhejiang (Chine).