203 000 personnes seraient décédées dans le monde à cause de la grippe H1N1 et de ces complications respiratoires. C’est ce que révèle ce mercredi, une nouvelle étude commanditée par l’OMS et publiée dans la revue Plos Medecine. Cette nouvelle estimation concernant la fameuse pandémie serait 10 fois plus importante que ce que l’OMS avait annoncé au moment de la crise. En effet, le décompte officiel de 2009 faisait état de 18 449 décès liés au virus H1N1 confirmés en laboratoire. De plus, ce chiffre de 203 000 pourrait même être une sous-estimation, puisqu’il ne concerne que les décès par maladie respiratoire liée à une infection grippale cette année-là.
Un bilan qui pourrait atteindre les 400 000 décès
En effet, les auteurs de cette étude expliquent que le bilan réel pourrait même atteindre les 400 000 décès imputables à cette pandémie, si l’on compte notamment les personnes décédées par insuffisance cardiaque suite à l’infection grippale. Par ailleurs les chercheurs responsables de cette nouvelle analyse confirment que les décès ont essentiellement touché la population jeune. « Normalement la grippe entraîne des décès essentiellement chez des gens âgés de 70 à 80 ans. Ici, tous les décès dont nous parlons concernent plutôt des jeunes adultes. C'est donc une très lourde facture en terme d'années de vie perdues, » explique le Dr Lone Simonsen auteur de cette étude à la web radio médicale MD-FM.
Les chercheurs européens bouche bée devant ce bilan
Le nombre de morts estimé dans cette nouvelle étude correspond étroitement à celui d’une autre analyse publiée en juin 2012 par les Centres de contrôle des maladies américains (CDC). Celle-ci, basée sur les données préliminaires, avait estimé que 201 000 personnes étaient mortes de la grippe et de problèmes respiratoires et 83 000 à cause de problèmes cardiaques. De plus, ces résultats se basent sur les données de mortalité de 26 pays, et montrent que les personnes les plus gravement touchées étaient celles vivant sur le continent américain, alors qu’à l’inverse les pays européens, la Nouvelle-Zélande et l'Australie ont été plus ou moins épargnés.
« La chose importante que nous devons retenir pour une éventuelle nouvelle pandémie est qu’il faut être vigilant sur le fait qu’elle peut s’abattre différemment dans les différentes parties du monde. Cette fois, elle a été particulièrement sévère au Mexique ou en Argentine, mais les Européens se sont demandés pourquoi tant d’agitation alors qu’ils n’en ont pas ressenti l’impact, ajoute Lone Simonsen. Lorsque nous montrons nos résultats, les chercheurs européens restent bouche bée parce qu’ils ne s’attendaient pas à un tel bilan ». La conclusion de cette étude montre donc que lors d’une pandémie internationale, le nombre de décès peut être très hétérogène. Le bilan peut être jusqu’à 20 fois plus catastrophique dans certains pays par rapport à d’autres.
Les chercheurs tentent maintenant d’expliquer les raisons de ces différences régionales. « C'est la grande question maintenant, nous allons essayer de trouver les facteurs qui pourraient expliquer ces différences. Celui donc nous sommes déjà assez sûr, c'est que la pyramide des âges d’une population donnée compte. Les pays où la proportion de jeunes adultes était importante ont eu une mortalité bien plus élevée lors de cette pandémie. Mais nous cherchons également d'autres facteurs » conclut le Dr John Paget, co-auteur de cette étude.