Des bactéries ont déjà été conçues pour détecter des maladies en réagissant à des métabolites ou à des agents pathogènes spécifiques. Mais une équipe de chercheurs est allée plus loin : ils ont conçu une espèce de bactérie, un biocapteur, pour détecter des mutations spécifiques dues au cancer colorectal dans l'ADN humain.
Le résultat de leurs travaux a été publié dans Science.
Cancer colorectal : une bactérie pourrait améliorer le dépistage
Le cancer colorectal se développe à partir des cellules qui tapissent la paroi interne du côlon ou du rectum, rappelle Santé Publique France : "C’est un cancer fréquent aussi bien chez l’homme que chez la femme, et il représente la deuxième cause de décès par cancer tous sexes confondus”.
Le cancer colorectal peut être découvert à un stade précoce grâce à un dépistage par recherche de sang occulte dans les selles et une coloscopie. La bactérie chasseuse de cancer développée par l’équipe internationale de chercheurs pourrait donc constituer un nouveau moyen de diagnostiquer ce cancer.
Pour mener leurs recherches, les chercheurs ont fait appel à Acinetobacter baylyi, une bactérie connue pour sa capacité à prélever de l'ADN dans son environnement.
Une bactérie permettrait de repérer le cancer colorectal dans les selles
Ils lui ont donné des "instructions” génétiques en laboratoire pour qu'elle recherche des séquences ADN spécifiques porteuses de mutations que l'on trouve couramment dans les cancers colorectaux, et ce même dans des endroits difficiles d'accès par les coloscopies.
Concrètement, si A. baylyi trouve de l'ADN tumoral, l'incorporation de ce dernier dans son propre génome active un gène de résistance aux antibiotiques. Une fois ce gène activé, la bactérie - extraite des matières fécales de l'hôte et étudiée par les scientifiques - pourrait révéler que des cellules cancéreuses ont été détectées.
Une découverte utile pour le cancer du poumon et du pancréas ?
Ce biocapteur est pour l’instant conçu pour détecter certaines mutations KRAS, que l'on trouve dans environ 40 % des cancers colorectaux, ainsi que dans un tiers des cancers du poumon et dans la plupart des cancers du pancréas, peut-on lire dans Science Alert, qui relaie l’étude.
Cette approche prometteuse n’est cependant pas pour tout de suite. Des essais cliniques nécessitant plus de recherche pour tester sa réelle efficacité et sa sécurité doivent être menées pour démontrer qu'A. baylyi peut être administrée par voie orale chez l’homme sans danger.
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