Plus de 200.000 personnes en France souffrent de la stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD), communément appelée maladie du foie gras. Cette affection résulte de l'accumulation excessive de graisses dans le foie, associée à une inflammation de cet organe. Si elle n'est pas traitée, elle peut évoluer vers des complications graves telles que la fibrose, la cirrhose ou même un cancer du foie.
"L'augmentation de l'activité physique et la réduction des calories peuvent aider à gérer la NAFLD, mais de tels changements de mode de vie ne sont efficaces qu'à ses débuts", explique Mengyao Wu de l'Université de Guangzhou et auteure principale dans un communiqué. "Aucun médicament n'est disponible pour inverser le stockage excessif des graisses dans le foie une fois que la NASH (forme plus agressive de la pathologie) s'est développée". Toutefois, la chercheuse et son équipe ont trouvé une nouvelle cible médicamenteuse pour cette maladie.
Maladie du foie gras : la protéine Adgrf1 jouerait un rôle important
Les scientifiques ont découvert qu'une protéine appelée Adgrf1, présente principalement dans le foie, joue un rôle clé dans le métabolisme des graisses. En ciblant cette molécule, il serait possible de prévenir l'accumulation excessive de graisse dans le foie des individus souffrant d'obésité, réduisant ainsi les risques de stéatose hépatique non alcoolique. Les chercheurs sont parvenus à cette conclusion après avoir utilisé une approche de thérapie génique pour bloquer l'Adgrf1 chez des souris obèses atteintes de stéatose hépatique non alcoolique.
Chez ces rongeurs ayant des taux faibles d'Adgrf1, l'équipe a observé plusieurs améliorations significatives. La suppression de la molécule a permis d'améliorer la glycémie à jeun et la sensibilité à l'insuline. De plus, la réduction de l'expression d'Adgrf1 a réduit l'accumulation de lipides dans les cellules hépatiques et les niveaux d'enzymes hépatiques associés aux dommages hépatiques. Ces résultats prometteurs indiquent que cibler l'Adgrf1 pourrait être une approche efficace pour prévenir et traiter la maladie du foie gras chez les souris.
Stéatose hépatique non alcoolique : une nouvelle piste pour un traitement
Pour corroborer ces résultats chez l'homme, les chercheurs ont analysé des échantillons de biopsie hépatique de patients atteints de différents stades de la maladie : d'un foie sain à une NAFLD très développée. Ils ont entre autres constaté que les niveaux d'Adgrf1 étaient plus élevés dans les biopsies de patients atteints de stéatose hépatique sévère (stéatose) que ceux atteints d'une maladie du foie gras moins sévère.
Les résultats, présentés dans la revue eLife le 15 août 2023, ont confirmé que la présence d'Adgrf1 était associée à la progression de la stéatose hépatique non alcoolique.
"Nous avons trouvé des preuves d'un nouveau rôle d'Adgrf1 dans la régulation du métabolisme des graisses dans le foie", conclut l'auteur principal Chi-Ming Wong, professeur agrégé à l'Université polytechnique de Hong Kong. "Les résultats de notre étude ouvrent la voie à de nouvelles recherches sur l'innocuité et l'efficacité du ciblage d'Adgrf1 pour le traitement des personnes atteintes de stéatose hépatique. Si cela est confirmé, cela pourrait fournir une nouvelle approche thérapeutique pour les patients".