900.000 personnes sont atteintes de la maladie d’Alzheimer en France, selon l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Le principal facteur de risque de cette maladie est l’âge, car l’incidence augmente après 65 ans et explose après 80 ans. Mais des chercheurs ont peut-être trouvé une solution pour protéger les seniors : la vaccination contre le tétanos, la diphtérie, la coqueluche, le zona et le pneumocoque. Une version pré-publiée de leurs travaux est disponible dans la revue Journal of Alzheimer's Disease.
La vaccination pour empêcher le développement d’Alzheimer
Il y a un peu plus d’un an, les chercheurs de l'UTHealth Houston avaient découvert que les personnes ayant reçu au moins un vaccin contre la grippe étaient 40 % moins susceptibles de développer la maladie d'Alzheimer, comparativement aux personnes qui n’étaient pas vaccinées.
“Nous nous demandions si cette découverte était spécifique au vaccin contre la grippe, explique Paul E. Schulz, principal auteur de cette étude, dans un communiqué. Nos résultats montrent que plusieurs autres vaccins pour adultes sont associés à une réduction du risque de maladie d'Alzheimer. Nous - et d'autres - émettons l'hypothèse que le système immunitaire est responsable du dysfonctionnement des cellules cérébrales dans la maladie d'Alzheimer. Les résultats suggèrent que la vaccination a un effet plus général sur le système immunitaire qui réduit le risque de développer la maladie d'Alzheimer.”
Jusqu’à 30 % de risques en moins de développer Alzheimer
Pour parvenir à leurs conclusions, les scientifiques ont mené des essais avec des personnes de plus de 65 ans, qui n’étaient pas atteintes de démence au début de l’étude. Le suivi a duré huit ans. Il y avait deux groupes de patients : ceux qui n’étaient pas vaccinés, et ceux qui avaient été vaccinés. Certains ont reçu des doses contre le tétanos et la diphtérie (Td), contre le tétanos, la diphtérie et la coqueluche (Tdap), le zona (HZ) et le pneumocoque.
Résultats : les patients qui avaient été vaccinés contre le tétanos, la diphtérie et la coqueluche étaient 30 % moins à risque de développer la maladie d’Alzheimer, comparativement à ceux qui n'étaient pas vaccinés. Ceux qui étaient vaccinés contre le zona avaient 25 % de risque en moins et, pour la vaccin contre le pneumocoque, il y avait une réduction 27 % du risque de développer la maladie.
"Nous émettons l'hypothèse que le risque réduit de maladie d'Alzheimer associé aux vaccins est probablement dû à une combinaison de mécanismes, explique Avram Bukhbinder, autre auteur. Les vaccins peuvent modifier la façon dont le système immunitaire réagit à l'accumulation de protéines toxiques qui contribuent à la maladie d'Alzheimer, par exemple en améliorant l'efficacité des cellules immunitaires à éliminer les protéines toxiques ou en affinant” la réponse immunitaire à ces protéines afin que les “dommages collatéraux” aux cellules cérébrales saines voisines sont diminués.”
Actuellement, il n’existe pas de traitement curatif pour la maladie d’Alzheimer. "Cette recherche souligne à quel point il est important que les patients aient facilement accès aux vaccinations de routine pour adultes, estime Kristofer Harris, autre auteur de cette étude. Les vaccins pour adultes sont déjà disponibles et systématiquement administrés. Nos résultats sont une victoire pour la recherche sur la prévention de la maladie d'Alzheimer et pour la santé publique en général.”
À terme, la vaccination sera donc peut-être utilisée comme méthode préventive de l’apparition de la maladie d’Alzheimer.