- La démence concerne généralement les personnes de plus de 65 ans.
- Les signes annonciateurs peuvent être des oublis importants, des difficultés à intégrer des changements, ne plus reconnaître un chemin familier, etc.
- En cas de doute, il faut consulter son médecin généraliste.
"Certaines personnes peuvent avoir du mal à trouver un mot, oublier brièvement le nom d'une célébrité, ou pourquoi elles sont entrées dans une pièce, énumère Aaron Bonner-Jackson, neuropsychologue. [Il s’agit] d’erreurs cognitives typiques, des choses que nous faisons tous assez régulièrement. Une fausse idée, très répandue, est que ces signes indiquent que vous êtes inévitablement [en train de développer une] démence". Mais alors, comment reconnaître les signes précoces de la démence ?
Des symptômes communs au début de la démence
Pour reconnaître la démence, il faut d’abord bien la définir. Il s'agit d'un affaiblissement intellectuel global et progressif. D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS) la démence couvre plusieurs maladies qui affectent la mémoire, la pensée et la capacité à réaliser des tâches quotidiennes, dont la plus fréquente est la maladie d’Alzheimer. Près de 10 millions de nouveaux cas de démence sont rapportés chaque année dans le monde, selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). L'âge fait partie des facteurs qui augmentent le risque de démence, chez les personnes de 65 ans et plus.
Différents signes peuvent être annonciateurs d’une démence. Qu’importe la maladie dont souffre le patient, ces symptômes sont généralement les mêmes au début de la démence. Il faut les connaître, mais ne pas les surinterpréter, car ce qui compte, c’est surtout la récurrence et la gêne occasionnée sur la vie quotidienne.
Tout d’abord, le fait de se perdre dans un endroit familier ou, sur un trajet connu, d'errer sans savoir où aller doit interpeller. "Si vous conduisez dans votre quartier et que vous avez déjà fait ce trajet plusieurs fois auparavant, mais que tout à coup les choses ne vous semblent pas familières, cela pourrait être préoccupant", explique le Dr Bonner-Jackson.
Les oublis récurrents sont un signe de démence
Les oublis de conversations sont un autre signal d’alerte. Attention, il ne s’agit pas de l’oubli d’un mot, qui arrive à tout le monde, mais de l’oubli total d’une discussion récente qui doit alarmer si cela est récurrent.
"La caractéristique de maladies comme celle d'Alzheimer est une perte de mémoire à court terme, où [les patients] n'apprennent pas et ne stockent pas de nouveaux souvenirs aussi bien qu'avant, et c'est pourquoi ils poseront inlassablement les mêmes questions, détaille le Dr Bonner-Jackson. Les gens peuvent se souvenir des choses d'il y a des années avec une clarté parfaite. Ils se souviennent avec qui ils sont allés à l'école et le nom de leur professeur et ce qu'ils ont fait pendant qu'ils étaient dans l'armée ou dans leur première maison. Mais cela a tendance à être frustrant parce qu'ils ne se souviennent pas de ce qu'ils ont fait hier.” L’oubli du prénom d’un proche, encore une fois, si cela est fréquent, peut aussi être un signe.
La difficulté à prendre des décisions ou à intégrer des changements est aussi susceptible d'être un signe. Par exemple, si le médecin change le traitement, mais que le patient n’applique pas ce changement. "Prendre ce nouveau médicament ne fait plus partie de leur routine, ils oublient qu'ils doivent le prendre, indique le Dr Bonner-Jackson. Si quelqu'un a du mal à prendre des décisions ou semble facilement confus par des choses qu'il aurait normalement pu gérer, cela peut être une situation préoccupante".
D'autres signaux sont aussi à surveiller : la capacité à faire des calculs, à gérer l’argent (notamment le paiement des factures), les changements d’humeur ou de comportement (anxiété, dépression, plus d’attrait pour les centres d’intérêts). Enfin, il y a aussi des signes physiques comme une diminution de la motricité ou la perte auditive.
En cas de doute, qu’importe les symptômes que le patient ou son entourage a remarqué, il faut en parler à son médecin généraliste dès le début pour, en cas de diagnostic positif, démarrer la prise en charge le plus tôt possible.