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Maladie mentale

Adolescents : la réactivité émotionnelle en lien avec la dépression

Par Diane Cacciarella

La réactivité émotionnelle et la tolérance face à la détresse sont associés à un risque accru des symptômes dépressifs chez les adolescents deux ans plus tard.

Halfpoint/iStock
Chez les adolescents, la dépression pourrait être liée à la réactivité émotionnelle et à la tolérance face à la détresse.
Ceux qui ont une meilleure tolérance face à la détresse auraient moins de symptômes dépressifs.
D'après les auteurs, les hommes auraient une meilleure tolérance face à la détresse que les femmes.

Près de 8 % des adolescents âgés de 12 à 18 ans souffriraient d’une dépression, selon la Haute Autorité de Santé (HAS). Celle-ci peut être définie comme une succession d’épisodes dépressifs caractérisés qui impactent le fonctionnement social de la personne. Des situations et des événements de la vie (un décès, une perte d’emploi, une séparation…) sont associés à un risque accru de dépression…. Mais, selon une étude publiée dans la revue Neuroimaging, la réactivité émotionnelle et la tolérance face à la détresse des adolescents pourraient aussi être des facteurs de risque.

La réactivité émotionnelle et la tolérance à la détresse liées à la dépression

Lors de leurs travaux, les chercheurs ont voulu comprendre le lien entre la réactivité émotionnelle, la tolérance face à la détresse et les symptômes dépressifs chez les adolescents. La réactivité émotionnelle est le fait d’avoir des réponses émotionnelles fortes et intenses à des situations. La tolérance face à la détresse est la capacité à gérer la détresse émotionnelle, l'inconfort ou la douleur, sans mauvais comportements ou mécanismes d'adaptation négatifs.

Pour comprendre le lien entre ces trois éléments, ils ont étudié les données de 40 adolescents, dont 16 garçons âgés de 14 à 19 ans. Tous ont passé une imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) pour étudier le fonctionnement de leur cerveau tout en répondant à une tâche émotionnelle dite de Go-NoGo. C'est-à-dire de répondre le plus rapidement possible (Go) à une certaine classe de stimuli, et ne pas répondre à d'autres classes de stimuli (No Go).

Cette tâche Go-NoGo consistait à montrer aux participants des images de visages avec des émotions - heureux ou effrayés - et des visages neutres. Les participants devaient répondre rapidement aux premiers et s’abstenir quand il s’agissait des visages neutres. Les images étaient montrées une demi-seconde, à intervalles de 2 à 12 secondes entre chaque cliché. Deux ans après cette première expérience, les participants ont passé des tests de tolérance face à la détresse et de dépression. 

Adolescence : le traitement des émotions en lien avec la dépression

Résultats : les IRMf ont montré que les trois éléments étaient liés. Ainsi, les participants qui avaient une moins bonne tolérance face à la détresse, avaient des réponses cérébrales plus importantes pendant la tâche Go/NoGo et le fait d’avoir une réactivité cérébrale plus importante augmentait le risque de dépression. À l'inverse, les participants qui avaient une tolérance face à la détresse plus élevée, avaient moins de symptômes dépressifs. 

Autres enseignements de cette étude : en moyenne, les hommes avaient une meilleure tolérance face à la détresse que les femmes. 

"Les résultats ont démontré qu'une plus grande activation cérébrale pendant le traitement des émotions (...) était associée à une moins bonne tolérance face à la détresse et à des symptômes de dépression plus importants lors d'un suivi de deux ans”, concluent les auteurs.