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Démence

Déclin cognitif : les patients qui vivent seuls sont en danger

Par Mégane Fleury

Lorsqu’elles vivent seules, les personnes atteintes de démence ou de déclin cognitif ont plus de risque de négligence, de malnutrition et de chutes. 

champpixs/ISTOCK
Les personnes seules et atteintes de démence ou de troubles cognitifs ont plus de risque de se mettre en danger.
Elles sont exposées à un risque plus élevé de chute, de malnutrition, de confusion des traitements ou d'absence aux rendez-vous médicaux.
Selon les auteurs de cette étude, le système de santé américain est défaillant en ce qui concerne la prise en charge des personnes seules atteintes de démence ou de troubles cognitifs.

La démence accroît la dépendance. C’est même "l’une des principales causes d’invalidité et de dépendance chez les personnes âgées dans le monde", d’après l’Organisation mondiale de la santé. Les troubles cognitifs sont aussi l’une des explications à la perte d’autonomie. Selon une étude américaine, il est primordial de prendre correctement en charge les personnes souffrant de l’un ou l’autre de ces troubles. Dans JAMA Network Open, ils expliquent que les patients souffrant de démence ou de trouble cognitif et vivant seuls sont en danger car ils ont davantage de risque de ne pas prendre correctement leurs traitements, de tomber ou encore de mal se nourrir. 

Démence et déclin cognitif : la prise en charge compliquée des personnes seules 

"On estime qu'un Américain âgé sur quatre atteint de démence ou de troubles cognitifs légers vit seul et est exposé à des pratiques telles que la conduite dangereuse, l'errance en dehors de chez lui, la confusion des médicaments et le non-respect des rendez-vous médicaux", expliquent les chercheurs de l’université de Californie - San Francisco en préambule de leur étude. Leurs travaux sont dits "qualitatifs", c’est-à-dire qu’ils ont réalisé des entretiens pour récolter des témoignages plutôt que des chiffres. Les auteurs ont interrogé 76 fournisseurs de soins de santé : des médecins, des infirmières, des travailleurs sociaux, des aides à domicile etc. "Les prestataires ont fait part de leurs inquiétudes au sujet des patients manquant des rendez-vous médicaux, ne répondant pas aux appels téléphoniques de suivi du cabinet du médecin et oubliant pourquoi les rendez-vous ont été pris", notent-ils.

Or les professionnels de santé expliquent ne pas avoir suffisamment de personnel pour "atteindre ces patients". En cas de problème, ceux-ci sont très isolés. Dans l’étude, une personne explique que "beaucoup n’ont aucun nom sur la liste des contacts d'urgence, "pas un membre de la famille, pas même un ami sur qui compter en cas de problème". Selon les chercheurs américains, les personnes seules souffrant de démence ou de troubles cognitifs ont un risque plus élevé d’avoir des problèmes médicaux non-traités, d’auto-négligence, de malnutrition et de chutes. 

Dépendance et démence : le système de santé américain est-il défaillant ?

"Ces résultats sont une mise en accusation de notre système de soins de santé, qui ne parvient pas à fournir des aides à domicile subventionnées à tous les patients, à l'exception des patients aux revenus les plus faibles", estime Elena Portacolone, l’autrice principale de cette étude. Aux États-Unis, "79 % des personnes souffrant de déclin cognitif ont un revenu qui n'est pas suffisamment bas pour les rendre éligibles aux aides à domicile subventionnées par Medicaid dans les soins de longue durée", ajoute-t-elle. Or, les troubles cognitifs peuvent se manifester tôt et durer longtemps, ce qui peut engendrer des frais de santé très élevés.

Ainsi, pour les auteurs de cette étude, le système de santé américain n’est pas suffisamment adapté à la prise en charge des personnes seules atteintes de troubles cognitifs ou de démence, alors même que leur nombre "devrait augmenter à mesure l’âge de la population s’accroît". Ils observent que dans d’autres pays, comme certains Etats européens, le Japon ou le Canada, davantage de personnes bénéficient d’aide à la prise en charge à domicile. Sans changement de prise en charge, la situation risque de s’aggraver, "car il n’y a pas de traitements efficaces pour inverser le cours des troubles cognitifs, l’infertilité et le divorce sont courants, les personnes âgées devraient vivre plus longtemps et donc souvent seules".