C’est l’un des médicaments les plus prescrits en France. À de nombreuses reprises, l’aspirine a été au cœur des polémiques. Ce sont plus précisément les bénéfices de son utilisation en prévention qui étaient de plus en plus discutés. Récemment, des chercheurs de l'hôpital Bispebjerg (Danemark) ont révélé que les adultes victimes d'une crise cardiaque et ne prenant pas d'aspirine quotidiennement avaient une probabilité élevée de récidive d'infarctus du myocarde, d'accident vasculaire cérébral ou de décès par rapport à ceux qui prennent régulièrement le médicament.
40.114 adultes ayant subi un premier infarctus du myocarde ont été suivis
Afin de parvenir à cette conclusion, ils ont réalisé une étude, dont les résultats ont été présentés lors du congrès de la Société européenne de cardiologie qui a lieu à Amsterdam. Dans le cadre des travaux, l’équipe a examiné le risque associé à l'arrêt de l'aspirine à long terme par rapport à la poursuite de son utilisation après un infarctus du myocarde. Pour cela, les scientifiques ont utilisé les données de 40.114 personnes, âgés de 40 ans et plus, ayant subi une première crise cardiaque entre 2004 et 2017. Ces dernières avaient bénéficié d’un stent coronaire et avaient pris de l'aspirine selon la prescription pendant la première année suivant leur crise cardiaque. La prise d’aspirine a été évaluée deux, quatre, six et huit ans après l’infarctus du myocarde.
Crise cardiaque, AVC, décès : un risque plus faible pour les patients prenant de l'aspirine
La prise d'aspirine a progressivement diminué à chaque point dans le temps, passant de 90 % deux ans après la crise cardiaque à 84 % quatre ans plus tard, 82 % six ans plus tard et 81 % huit ans plus tard. Selon l’étude, les participants qui prenaient de l'aspirine conformément à la prescription étaient moins susceptibles de présenter une nouvelle crise cardiaque, un accident vasculaire cérébral et de mourir. Par rapport aux patients ayant respecté la prescription, les adultes ne l’ayant pas respecté présentaient une probabilité plus élevée de 29 %, 40 %, 31 % et 20 % de récidive de crise cardiaque, d'accident vasculaire cérébral ou de décès, respectivement deux, quatre, six et huit ans après l’infarctus du myocarde.
"Nos résultats ne peuvent pas être généralisés à tous les patients victimes d'une crise cardiaque"
"Nos résultats doivent être interprétés avec prudence car ils montrent une association mais n'établissent pas un lien de causalité. L'étude étant basée sur un registre, nous ne disposons pas d'informations sur les raisons spécifiques pour lesquelles les patients n'ont pas pris leur aspirine. En outre, nos résultats ne peuvent pas être généralisés à tous les patients victimes d'une crise cardiaque, car notre recherche s'est concentrée sur ceux qui ont reçu un traitement par stent coronaire et qui ne prenaient pas d'autres médicaments pour prévenir la formation de caillots sanguins. Ceci étant, les résultats soutiennent les recommandent actuelles qui préconisent l'aspirine à long terme après une crise cardiaque", a conclu le Dr Anna Meta Kristensen, auteur des travaux, dans un communiqué.