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Mémoire verbale, fonctions exécutives...

Ménopause : les troubles de l'humeur ne dépendent pas des hormones

Par Mathias Germain

Les variations de taux d’oestrogènes chez les femmes ménopausées ne sont associées ni à un déficit de la mémoire verbale, ni à une instabilité de l’humeur, selon une étude américaine.

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Au début de la ménopause, la variation des taux d’hormones chez les femmes est souvent pointée du doigt comme la cause de troubles de la cognition ou de l’humeur... Les résultats d’une nouvelle étude réalisée par des chercheurs américains, de l’université de Stanford à San Francisco, tordent le cou à cette affirmation. La baisse des taux d’œstrogènes, dans le sang circulant, ne serait pas responsable d’éventuels troubles de l’intellect ou de l’humeur.


Pour le déterminer, l’équipe du Pr Victor Henderson, neurologue, a suivi 643 femmes en bonne santé, un groupe étaient ménopausées depuis moins de six ans, et un autre groupe ménopausées depuis plus de 10 ans. Aucune d’entre elles n’avait de traitement hormonal substitutif. Et toutes ces femmes ont eu des examens pour évaluer le taux d’hormones (œstradiol, œstrone, progestérone et testostérone) dans le sang. Elles ont aussi passé un série de tests neuropsychologiques pour évaluer leur mémoire et leurs capacités cognitives. 


L'intellect ne pâtit pas de la chute d'hormones

En se basant sur une théorie dite de la "fenêtre critique", les chercheurs s'attendaient à ce que les femmes récemment ménopausées ayant des taux d'estradiol plus élevés aient de meilleures capacités de mémoire que les autres. Au lieu de cela, l'équipe de Stanford a constaté d'une part, que les variations de taux d’oestrogènes ne sont pas associées à des risques pour la mémoire verbale, les fonctions exécutives ou la stabilité de l’humeur. Et que d'autre part, il n’existe pas de différence entre les femmes en début de ménopause et les autres. « Cette étude montre que les mécanismes de la biologie, notamment dans le cerveau, sont beaucoup plus complexes qu’on ne l’imagine, souligne le Pr Bernard Sablonnière, médecin biologiste au CHRU de Lille et chercheur au sein d’une unité Inserm sur les maladies neurodégénératives et la mort neuronale.


Ecouter le Pr Bernard Sablonnière, médecin biologiste au CHRU de Lille et chercheur Inserm. « La conclusion de cette étude, c’est que le dosage unique des hormones dans le sang n’est pas un reflet scientifique exact de ce qui va se passer dans le cerveau. »


Des hormones qui protègent les vaisseaux sanguins

Mais, si les chercheurs américains ne constatent pas de lien entre la baisse des taux d’œstorogènes et l’apparition de déficits cognitifs chez les femmes, cela ne signifie pas que ces hormones n’ont aucun effet sur le cerveau. Elles ont notamment un effet protecteur pour les vaisseaux sanguins. C’est d’ailleurs pour cette raison que les femmes seraient mieux protégées que les hommes contre les hémorragies cérébrales. « En général, les femmes font des thromboses ou des hémorragies plus tard que les hommes, indique le Pr Sablonnière qui a publié en octobre dernier un ouvrage sur le cerveau « Les clés de son développement et de sa longévité » (Editions Gawsewitch).

Cet effet protecteur sur les vaisseaux sanguins est important « parce que nous savons maintenant que pour éviter des troubles de mémoire à un âge avancé, il faut préserver la bonne santé de vaisseaux sanguins qui irriguent le cerveau », rappelle le Pr Bernard Sablonnière, qui travaille dans une unité de recherche Inserm sur les maladies neurodégénératives comme Alzheimer.


Ecouter le Pr Bernard Sablonnière : « On trouve de plus en plus de formes de maladies d’Alzheimer où on observe à la fois des lésions des neurones et des lésions des vaisseaux sanguins". 


Un traitement hormonal substitutif serait donc bénéfique contre la survenue des maladies neurodégénératives ? « Les effets d’un THS font débat, indique le Pr Sablonnière. Ils apportent un bénéfice sur la qualité de vie des femmes, mais des études ont montré qu'un traitement hormonal substitutif pris plusieurs années après la ménopause n’empêche pas la survenue de la maladie d’Alzheimer ».


Pour le chercheur lillois, c’est la surveillance précoce de la tension artérielle au moment de la ménopause qui est certainement plus protectrice contre les maladies neurodégénératives. Elle permet de préserver le capital santé des vaisseaux sanguins du cerveau. « Plus on laisse les gens avec une tension artérielle élevée plus cela va altérer les petits vaisseaux, et ce phénomène peut accélérer dix ou vingt ans plus tard une maladie d’Alzheimer, même si ce n’est pas le seul facteur de risque de développement de cette maladie », explique le Pr Bernard Sablonnière.