Ces dernières années, plusieurs recherches ont alerté sur les effets néfastes du travail de nuit. Dans une récente étude, des scientifiques de l’université York (au Canada) ont révélé que le fait de travailler à des horaires décalés était associé à des troubles cognitifs. Pour parvenir à cette conclusion, ils ont analysé les données de 47.811 adultes âgés de 45 à 85 ans.
Un lien potentiel entre l'exposition au travail de nuit et l'altération des fonctions cognitives
"Trois variables du travail de nuit ont été utilisées : les adultes ayant toujours travaillé durant des heures de bureau (soit de 9h à 17h), ceux exposés au travail de nuit lors de leur ancien poste et les personnes exerçant actuellement leur métier à des horaires décalés", peut-on lire dans les travaux publiés dans la revue Plos One. Les participants ont aussi dû réaliser des tests de fonctions cognitives (mémoire, fluidité verbale…). Tous les résultats ont été ajustés en fonction de l'âge, du sexe, du niveau d'éducation et de la langue du test, puis comparés aux données de personnes "témoins".
Dans l'ensemble, une personne sur cinq (soit 21 %) a déclaré avoir été exposée à une forme ou une autre de travail de nuit au cours de sa carrière. Des taux plus élevés de troubles cognitifs ont été constatés chez les participants qui ont déclaré travaillé de nuit durant leur emploi actuel ou avoir exercé leur métier à des horaires décalés lors de leur ancien poste, par rapport à ceux qui ont toujours travaillé durant des heures de bureau. "Dans les sous-domaines de la cognition, le travail de nuit était associé à une altération des fonctions de mémoire et le travail de nuit en rotation à une altération des fonctions exécutives", ont ajouté les auteurs.
Déclin cognitif : "les stimuli circadiens perturbateurs peuvent jouer un rôle dans la neurodégénérescence"
L’équipe a signalé que la perturbation du rythme circadien due au travail de nuit pourrait avoir un impact négatif sur les fonctions cognitives des adultes d'âge moyen et des personnes âgées. "Nous supposons que les stimuli circadiens perturbateurs peuvent jouer un rôle dans la neurodégénérescence contribuant à la déficience cognitive. Cependant, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour confirmer l'association entre le travail de nuit et la déficience cognitive ainsi que les voies physiologiques qui sous-tendent le mécanisme", a-t-elle conclu dans un communiqué.