- La bactérie Delftia tsuruhatensis TC1 produit une toxine appelée "harmane".
- Elle est présente dans le tube digestif des moustiques.
- Cette toxine peut arrêter, à un stade précoce, le développement du parasite "Plasmodium falciparum" responsable du paludisme.
Il y a eu 229 millions de cas de paludisme dans le monde en 2019, selon l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et 409.000 décès. Il s’agit d’une maladie parasitaire essentiellement transmise par le moustique. Les symptômes sont semblables à ceux de la grippe, mais il peut y avoir des complications plus graves, allant jusqu’au décès du malade. "La recherche travaille à la mise au point de nouveaux traitements préventifs, curatifs et/ou de vaccins, qui permettront peut-être un jour d’éradiquer la maladie”, précise l’Inserm.
La bactérie empêche le parasite du paludisme d’infecter les moustiques
Récemment, des chercheurs ont découvert que la bactérie "Delftia tsuruhatensis TC1" pouvait stopper le développement du paludisme chez les moustiques. Leurs travaux ont été publiés dans la revue Science. C’est plus précisément la toxine produite par cette bactérie - la toxine harmane - qui peut arrêter, à un stade précoce, le développement du parasite Plasmodium falciparum responsable du paludisme, dans le tube digestif des moustiques. "Delftia tsuruhatensis TC1 est une bactérie naturelle déjà largement répandue dans différents écosystèmes (eau douce et marine, sol et plantes)”, peut-on lire dans cet article.
Lors de leurs expériences, les scientifiques d’un centre de recherche en Espagne ont observé que les moustiques qu'ils utilisaient pour la recherche sur le paludisme devenaient de plus en plus résistants au parasite Plasmodium falciparum. "Il y avait un microbe inattendu, une souche bactérienne appelée Delftia tsuruhatensis TC1, à l’intérieur des intestins de ces moustiques, explique Janneth Rodrigues, responsable scientifique chez GSK, coautrice de l’étude. Lorsque l’équipe a administré cette souche à d’autres moustiques, cela a empêché le parasite de les infecter”.
Moins de transmission du paludisme chez les souris
Ensuite, les scientifiques ont fait des expériences avec des souris, réparties en deux groupes. Dans le premier, elles étaient en contact avec des moustiques porteurs du parasite du paludisme (P. berghei) et de la bactérie Delftia tsuruhatensis TC1. Dans le deuxième, elles étaient confrontées à des moustiques seulement porteurs de P. berghei. Résultat : un tiers des souris du premier groupe a été contaminé alors que l’intégralité du deuxième groupe a été infectée.
"C’est une découverte majeure, qui pourrait faire basculer la lutte vers une éradication, indique Pierre Buffet, directeur médical de l’Institut Pasteur, clinicien en dermatologie infectieuse et médecine tropicale. C’est enthousiasmant, original comme angle de recherche. Nous sommes là dans le domaine de la lutte biologique qui suscite de vrais espoirs alors que la lutte contre la maladie stagne.”