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Pollution

Microplastiques : un facteur de maladie neurodégénérative ?

Par Mégane Fleury

Présents partout dans l’environnement, les microplastiques peuvent se retrouver dans les tissus humains. Chez la souris, leur impact sur le système nerveux entraîne des changements de comportement. 

Svetlozar Hristov/istock
Les microplastiques sont présents partout dans l'environnement, et peuvent se retrouver dans les tissus humains.
Une étude sur la souris montre qu'ils peuvent pénétrer dans les tissus cérébraux et entraîner des modifications de certains niveaux de protéine.
Cela peut entraîner des modifications de comportement et pourrait augmenter le risque de maladie neurodégénérative.

Les microplastiques sont partout : dans l’air, dans l’eau, dans l’alimentation. Cela signifie que nous en ingérons et qu’ils sont présents dans notre organisme. Mais quelles sont leurs effets sur notre santé ? Selon une nouvelle étude parue dans International Journal of Molecular Sciences, cette pollution peut affecter notre système nerveux et modifier notre comportement. 

Microplastiques : mieux comprendre leurs effets sur la santé humaine  

"Les recherches actuelles suggèrent que ces microplastiques sont transportés dans tout l’environnement et peuvent s’accumuler dans les tissus humains ; cependant, la recherche sur les effets des microplastiques sur la santé, en particulier chez les mammifères, est encore très limitée, explique Jaime Ross, autrice principale de l’étude et professeure adjointe de sciences biomédicales et pharmaceutiques au Ryan Institute for Neuroscience aux États-Unis. Cela a conduit notre groupe à explorer les conséquences biologiques et cognitives de l'exposition aux microplastiques." La scientifique et son équipe se sont intéressés à leurs effets sur le cerveau et sur l’inflammation. 

Microplastiques : des modifications du comportement des souris 

Les chercheurs américains ont exposé des souris jeunes et âgées à différents niveaux de microplastiques dans l’eau potable pendant trois semaines. Ils ont découvert que l’exposition aux microplastiques induit des changements de comportement et des altérations des marqueurs immunitaires dans les tissus hépatiques et cérébraux. "Les souris étudiées ont commencé à bouger et à se comporter de manière particulière, présentant des comportements proches de la démence chez les humains, notent les auteurs. Les résultats étaient encore plus flagrants chez les animaux plus âgés." Les chercheurs disent avoir été "frappés" par ces découvertes, d’autant plus qu’il ne s’agissait pas de doses élevées de microplastiques. 

Des microplastiques présents dans tous les organes des souris 

"Personne ne comprend vraiment le cycle de vie de ces microplastiques dans le corps, donc nous voulons notamment savoir ce qui se passe avec l’âge, précise Jaime Ross. Êtes-vous plus sensible à l’inflammation systémique due à ces microplastiques avec l’âge ? Votre corps peut-il s’en débarrasser aussi facilement ? Vos cellules réagissent-elles différemment à ces toxines ?" La deuxième partie de l’étude a donc consisté à observer les effets de ces microplastiques sur les tissus. Les chercheurs ont disséqué le cerveau, le foie, les reins, le tractus gastro-intestinal, le cœur, la rate et les poumons des souris. "Les particules ont commencé à se bioaccumuler dans tous les organes, y compris le cerveau, ainsi que dans les déchets corporels", constatent-ils. 

Microplastiques : un risque de maladie neurodégénérative ?

Selon eux, la présence de ces substances dans le cœur et les poumons laissent penser qu’elles circulent ensuite dans l’organisme. "La barrière sanguine cérébrale est censée être très difficile à pénétrer, rappellent-ils. Il s’agit d’un mécanisme de protection contre les virus et les bactéries, mais ces particules ont pu y pénétrer." Or, leur présence a baissé la quantité d’une protéine, appelée protéine acide fibrillaire gliale (appelée 'GFAP'), impliqué dans différents processus cellulaires cérébraux.  "Une diminution du GFAP a été associée aux premiers stades de certaines maladies neurodégénératives chez des modèles murins, comme la maladie d'Alzheimer, ainsi qu'à la dépression." Jaime Ross souhaite donc poursuivre ses travaux pour mieux comprendre les effets des microplastiques sur le risque de maladie neurodégénérative.