"Tous les médecins devraient demander à leurs patients s'ils bougent comme ils leur demandent s'ils fument !". C'est l'injonction que lance le Pr François Carré, cardiologue et médecin du sport au CHU de Rennes à quelques semaines du congrés mondial "Activité physique-Santé" 2024, qui doit se tenir à Paris du 21 au 24 octobre prochains. Un événement qui participera à la promotion de l'activité physique à l'occasion des Jeux Olympiques de Paris comme l'opération "30 minutes d'activité physique quotidienne" lancé dans les écoles depuis 2022 pour lutter contre la sédentarité.
"Les effets de la sédentarité représentent 60 à 70% du budget de la santé"
Une sédentarité qui, au-delà de ses effets délétères sur la santé, représente pour la France le coût exorbitant de 135 milliards d'euros par an! "Developper l'activité physique est un besoin essentiel : les maladies chroniques liées à la sédentarité représentent 60 à 70% du budget de la santé", précise le Pr Carré. Certes, les coûts strictement médicaux -selon les estimations de l’OMS, l’inactivité physique est la cause de 5% de la charge des cardiopathies coronariennes, de 7% du diabète de type 2, de 9% du cancer du sein et de 10% de cancer du côlon- ne représentent que 15 à 20 milliards d'euros mais il faut y ajouter la facture des conséquences des pathologies associées à la sédentarité sur l'activité économique comme l'absentéisme au travail ou la fin anticipée de parcours professionnels.
30 minutes d'activité physique par jour
La solution ? Que chacun s'oblige à pratiquer chaque jour 30 minutes d'activité physique dite "dynamique", c'est à dire d'une intensité modérée ou élevée. On en est loin ! Selon l'ANSES, seuls 5% des adultes français ont une activité physique suffisante pour être protectrice, les femmes étant beaucoup plus frileuses que les hommes : 70% d'entre elles sont en deçà de tous les niveaux d’activité identifiés pour être en bonne santé, contre 42 % des hommes. "Si rien ne change, dans deux ou trois générations, les parents verront leurs enfants mourir avant eux avec une multiplication des infarctus à 20 ans !", avertit le Pr François Carré.
La prescription de l'activité physique autorisée depuis 2017
Le rôle des médecins sur ce sujet est essentiel. Même si la prescription d'activité physique est autorisée depuis mars 2017, celle-ci n'est pas obligatoire et elle est souvent jugée insuffisante. "De nombreux confrères n'y croient pas ...", se désole le Pr Carré. Et la difficulté pour les patients d'intégrer cette habitude dans leur quotidien ajoutée à la crainte d'un coût sur leur budget contribuent à la persistance d'une trop grande sédentarité. Bouger est pourtant réputé comme étant le médicament le plus efficace... et le plus souvent gratuit !
L'activité physique, "grande cause nationale"
Alors, l'activité physique déclarée grande cause nationale pour 2024 par le président de la République profitera-t-elle de l'effet "Jeux Olympiques" et lui donnera-t-on les moyens de se développer ? "Un euro investi dans l'activité physique, c'est 1,7 euros de gagnés pour l'économie Française", souligne le Pr François Carré qui ose un parallèle avec ce qui a été entrepris sur la sécurité routière : "Lorsque la voiture provoquant la mort de 15 000 personnes par an, les autorités ont agi parce que c'était beaucoup trop. A-t-on entendu cela pour la sédentarité ?".