Asthme, rhume des fois, allergies alimentaires, eczéma… Ces maladies allergiques touchent des millions de personnes dans le monde. Chaque année, de plus en plus d’enfants en souffrent, ce qui affecte leur qualité de vie et celle de leurs familles. "Une augmentation de leur prévalence a été associée à des altérations du microbiote intestinal, c’est-à-dire des microorganismes et de leurs gènes présents dans le tractus gastrointestinal", ont indiqué des chercheurs de l’université de la Colombie-Britannique et du BC Children's Hospital (Canada).
Eczéma : un changement du contenu bactérien intestinal associé à son développement
Afin de savoir si l’apparition des allergies pédiatriques était liée à la composition du microbiote intestinal du nourrisson, deux études ont été réalisés. La première a été menée par des scientifiques de l’université chinoise de Hong Kong. Dans les travaux, l’équipe a examiné le développement du microbiote intestinal chez 112 nourrissons. Pour cela, ils ont analysé leurs 713 échantillons de selles collectés à neuf moments entre la naissance et l'âge de 3 ans à l'aide du séquençage du gène de l'ARNr 16S. De plus, avant leur naissance, ils avaient recueilli des informations sur la santé, le mode de vie (régime alimentaire, prise de médicaments) de la mère et les événements survenus pendant la grossesse et l'accouchement.
Selon les résultats, publiés dans la revue mSystems, des altérations de la composition et des diversités du microbiote intestinal au cours des trois premières années de vie ont été observées. Les chercheurs ont constaté que ces changements intestinaux étaient associés au développement de l'eczéma chez les bébés. "Fait intéressant, nous avons identifié une déplétion en Bacteroides et un enrichissement en Clostridium sensu stricto 1 dans le microbiome intestinal des nourrissons atteints d'eczéma à l'âge d’un an. Les mêmes tendances ont également été observées chez les enfants nés par césarienne dans les mêmes délais, ce qui suggère un rôle du microbiote intestinal dans les associations précédemment signalées entre la césarienne et le risque accru d'eczéma", peut-on lire dans les recherches. Ces modifications du contenu bactérien intestinal seraient provoquées par le mode d'accouchement, le régime alimentaire et l'utilisation d'antibiotiques de la mère.
La signature bactérienne, une caractéristique d’un microbiote intestinal déséquilibré
Les scientifiques de l’université de la Colombie-Britannique et du BC Children's Hospital ont aussi effectué une étude similaire. Ils ont suivi 1.115 enfants de la naissance jusqu'à l'âge de cinq ans. Environ la moitié des bébés n'ont présenté aucun signe d'allergie à aucun moment, tandis que plus de la moitié ont reçu un diagnostic d'un ou plusieurs troubles allergiques par un médecin. L’équipe a évalué le microbiote intestinal des enfants à partir d'échantillons de selles collectés lors de visites cliniques à l'âge de trois mois et d'un an.
Les résultats ont montré qu'une signature bactérienne, une caractéristique d'un microbiote intestinal déséquilibré, était associée au développement de l'une des quatre allergies (l'eczéma, l'asthme, les allergies alimentaires et le rhume des foins) à l'âge de cinq ans. La signature bactérienne a probablement entraîné une atteinte de la muqueuse intestinale et une réponse inflammatoire élevée dans l’intestin. "D'après ces données, nous pouvons voir que des facteurs, tels que l'utilisation d'antibiotiques au cours de la première année de vie, sont plus susceptibles d'entraîner la survenue des troubles allergiques, tandis que l'allaitement pendant les six premiers mois est protecteur", a conclu Stuart Turvey, auteur de l’étude parue dans la revue Nature Communications.
Les chercheurs espèrent désormais exploiter ces résultats pour mettre au point des traitements qui "corrigent" un microbiote intestinal déséquilibré et pourraient potentiellement prévenir le développement d’allergies.