- Les programmes de prescription de fruits et légumes permettent aux patients de recevoir des cartes électroniques ou des bons de 63 dollars pour acheter les aliments de leur choix.
- Grâce à ces ordonnances, la pression artérielle et la glycémie ont diminué chez les participants hypertendus et diabétiques. Leur IMC s’est aussi amélioré.
- Dans l'ensemble, les participants étaient un tiers moins susceptibles de faire état d'une insécurité alimentaire à l'issue des programmes qu'avant.
Cancer, diabète, infarctus du myocarde, obésité, anxiété… En France, les médecins peuvent prescrire une activité physique et sportive adaptée aux adultes touchés par une maladie chronique. Aux États-Unis, des chercheurs de l'université Tufts, à Boston, ont voulu aller plus loin et savoir si les prescriptions de fruits et légumes pouvaient améliorer la santé cardiométabolique des patients. Pour cela, ils ont recruté 1.817 enfants, âgés de 2 à 17 ans, et 2.064 adultes, âgés de plus de 18 ans. Ces derniers étaient atteints ou risquaient de souffrir d'une maladie cardiaque ou d'un diabète de type 2 et souffraient d'insécurité alimentaire ou étaient inscrits dans une clinique située dans un quartier où la population disposait de faibles revenus.
Fruits et légumes sur ordonnance : 63 dollars pour acheter les "produits de leur choix"
Dans le cadre d’une étude, les volontaires ont dû participer, entre 2014 et 2020, à un des neuf programmes de prescription de fruits et légumes, gérés par l'organisation à but non-lucratif Wholesome Wave, dans 12 États américains. Ces programmes permettent aux médecins de prescrire des fruits et légumes en plus des médicaments. Dans le détail, "les participants reçoivent des cartes électroniques ou des bons (de 63 dollars) leur permettant d'accéder gratuitement ou à prix réduit aux produits de leur choix dans les épiceries ou les marchés", a expliqué Kurt Hager, auteur des travaux publiés dans la revue Circulation : Cardiovascular Quality and Outcomes.
En outre, ils ont suivi des cours de nutrition. Au début et à la fin du programme, qui a duré de 4 à 10 mois, les participants ont rempli des questionnaires sur la consommation de fruits et légumes, l'insécurité alimentaire et l'état de leur santé. Des tests de routine portant sur la tension artérielle, le poids et la taille, et l'hémoglobine A1c (HbA1c), une mesure de la glycémie, ont aussi été effectués.
Une réduction de la glycémie, de la tension artérielle et une amélioration de l’IMC
Selon les résultats, la consommation de fruits et légumes des patients avait augmenté de près d'une tasse par jour (0,85 tasse par jour). Chez les enfants, la consommation de fruits et légumes a augmenté d'environ un quart de tasse par jour (0,26 tasse par jour). Autre constat : la pression artérielle systolique (soit la pression artérielle pendant les battements de cœur) a diminué de plus de 8 millimètres de mercure (mm Hg), tandis que la pression artérielle diastolique (la pression artérielle entre les battements de cœur) a baissé de près de 5 mm Hg chez les adultes qui souffraient d'hypertension artérielle au moment de l'inscription au programme.
L’équipe a aussi observé une réduction de la glycémie, mesurée par l'hémoglobine A1c (HbA1c), chez les personnes diabétiques. L'IMC des volontaires s'est également amélioré, avec une réduction de 0,52 kg/m2 chez les patients obèses. Chez les enfants, en revanche, l'IMC n'a pas changé. D’après les données, les adultes étaient 62 % plus susceptibles et les enfants plus de deux fois plus susceptibles de déclarer un meilleur état de santé à la fin du programme. "La probabilité d'être en situation d'insécurité alimentaire a diminué d'un tiers", peut-on lire dans les recherches.
Des prescriptions de fruits et légumes pour réduire l'insécurité alimentaire
"Une mauvaise alimentation et l'insécurité alimentaire sont des facteurs importants de maladies chroniques à l'échelle mondiale, notamment les maladies cardiométaboliques comme le diabète de type 2 et leurs conséquences cardiovasculaires, notamment l'insuffisance cardiaque, les crises cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux. Cette analyse des programmes illustre le potentiel des prescriptions de fruits et légumes pour augmenter la consommation de fruits et légumes, réduire l'insécurité alimentaire et, espérons-le, améliorer la santé des personnes", a déclaré Mitchell Elkind, responsable en chef de la science clinique de l'American Heart Association et professeur de neurologie et d'épidémiologie à l'université de Columbia.