Les effets de la pandémie de Covid-19 sont loin d’être tous connus. Dans Scientific Reports, des chercheurs de l’université de New-York en révèlent un nouveau. D’après leurs travaux, les bébés nés au début de l’épidémie ont une plus faible diversité de bactéries dans leur intestin. Selon eux, cela pourrait avoir différentes conséquences sur leur santé.
Covid-19 : les enfants nés pendant la pandémie ont des microbiotes différents
Ces travaux s’appuient sur l’analyse d’échantillons de selles de nourrissons nés entre mars et décembre 2020 et d’enfants nés avant cette période. Tous avaient 12 mois au moment des prélèvements. Les chercheurs ont constaté que les nourrissons dont les microbes intestinaux ont été recueillis pendant la pandémie avaient une plus faible diversité du microbiote intestinal, "ce qui signifie qu’il y avait moins d’espèces de bactéries dans l’intestin", précisent-ils. "Les nourrissons présentaient une abondance plus faible de Pasteurellaceae et d’Haemophilus, des bactéries présentes chez l’humain et pouvant provoquer diverses infections, et une diversité bêta significativement différente", développent-ils.
Bébés nés pendant la Covid-19 : Comment expliquer les changements dans la composition du microbiote intestinal ?
D’après les auteurs, ces différences pourraient être liées aux changements sociaux provoqués par la pandémie de Covid-19 : les nourrissons ont passé probablement plus de temps à la maison et moins de temps en garderie où ils auraient pu interagir avec d'autres enfants. Cela peut aussi être la conséquence d'une hygiène accrue, de changements dans l’alimentation et dans les pratiques d’allaitement. "La pandémie de Covid-19 fournit une expérience naturelle rare pour nous aider à mieux comprendre comment l'environnement social façonne le microbiome intestinal du nourrisson", estime Sarah C. Vogel, co-autrice principale de l'article et doctorante du programme de psychologie du développement Steinhardt de l’université de New-York.
Nourrissons : quelles sont les conséquences d’une faible variété du microbiote ?
S'il faut être prudent dans l’interprétation de ces résultats, les co-auteurs soulignent toutefois que la diversité intestinale est liée à la santé tout au long de la vie."Chez les adultes, nous savons qu'une plus faible diversité des espèces de microbiote dans l'intestin est associée à une moins bonne santé physique et mentale", explique Natalie Brito, auteure principale et professeure agrégée à NYU Steinhardt. Comme le rappelle l’Inserm, le microbiote intestinal joue un rôle dans les fonctions digestives, métaboliques, immunitaires et neurologiques. "En conséquence, la dysbiose, c’est-à-dire l’altération qualitative et/ou fonctionnelle du microbiote intestinal, est une piste sérieuse pour expliquer certaines maladies, notamment parmi celles sous-tendues par des mécanismes auto-immuns ou inflammatoires", précise l’organisme. D’autres études seront nécessaires pour mesurer les conséquences à long terme de ce microbiote moins diversifié chez les nourrissons nés pendant la pandémie.