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Grippe A H1N1

Les préparatifs de la vaccination

Par Mathias Germain

A la veille de la rentrée scolaire, le gouvernement peaufine son plan pandémique et les stratégies de vaccination. 

Après le lancement d’une nouvelle campagne de communication contre la grippe A, le gouvernement a présenté son plan de vaccination. Le virus n’est plus un sujet pour la rubrique étranger mais il est bel et bien rentré dans notre vie quotidienne. « Du 17 au 23 août 2009, l’incidence des consultations pour grippe clinique reste inférieure au seuil épidémique. Elle est estimée à 45 cas pour 100 000 habitants par le réseau Sentinelles, ce qui correspond à environ 28 000 consultations. Le nombre de patients vus en consultation de médecine de ville pour grippe A (H1N1) 2009 la semaine dernière est estimé à environ 4 500 », selon le bulletin hebdomadaire d l'Insitut national de veille sanitaire.


Quand le vaccin sera disponible ?

Les plus optimistes tablent sur la mi-octobre. Les laboratoires ont commencé les essais cliniques mais les premiers résultats sont annoncés pour la mi-septembre. Il faut 21 jours pour savoir combien d’anticorps ont été produits par l’organisme. Et pour que la couverture vaccinale soit optimale, il sera peut-être nécessaire de faire une deuxième injection. Soit encore 21 jours d’attente. A cela s’ajoute les délais nécessaires à l’obtention de l’AMM.

Pour mémoire, la France a commandé en juillet, 94 millions de doses de vaccin auprès de trois laboratoires (GSK, Sanofi Pasteur, Novartis). La ministre de la Santé a précisé cette semaine qu'une nouvelle commande a été passée auprès du laboratoire Baxter. Ce laboratoire américain utilise un processus de culture cellulaire plus rapide que celle des œufs embryonnés, mais aussi plus coûteux.

Qui sera vacciné en priorité ?
Les professionnels de santé sont prioritaires. C’est la recommandation de l’OMS. Pour le reste de la population, chaque Etat définit ses priorités. La France n’a pas établi de liste officielle. Le Comité technique des vaccinations (Haut Conseil de Santé publique) a été saisi. Il doit rendre ses conclusions le 3 septembre prochain. De leur côté, les experts de la Commission européenne recommandent d’accorder la priorité aux malades chroniques dès l’âge de 6 mois, et aux femmes enceintes.

 

Vaccination dans des centres dédiés. La campagne de vaccination sera proposée à partir de l’automne, pendant 4 mois, gratuitement, dans des lieux spécifiques. Ce sont les préfets qui ont la charge d’organiser ces centres. Le dispositif devra être prêt à activer à partir du 28 septembre. Ces centres auront des dimensions différentes : ils devront être capables d’accueillir 1400 personnes par jour, 700 ou 360 personnes par jour. Cela dépendra du contexte démographique et géographique des départements. Les centres fonctionneront 5 sur 7. Des heures d’ouverture devraient être aussi prévues après 18h et le samedi. Les praticiens libéraux seront vaccinés dans ces centres départementaux. Seront-ils sollicités pour la vaccination ?

 Dr Michel Combier,
président d'un syndicat de généraliste (UNOF-CSMF)


Mutation.
Le vaccin sera sur le marché sera-t-il toujours adapté au virus ? C’est vrai que le virus peut muter d’ici la mi-octobre. Pour le moment dans l’hémisphère sud, les virologues n’ont pas constaté de changement. Mais, il reste probable que le virus se modifie. D’après les spécialistes, les vaccins avec adjuvants permettront d’avoir une immunité croisée avec des souches un peu diférentes. Revers de la médaille, ces adjuvants puissants pourraient engendrer des effets secondaires, notamment chez les enfants ou les femmes enceintes. Pour ces populations, le président du CTV préférerait utiliser un vaccin sans adjuvant.

Pr Daniel Floret,
président du comité technique des vaccinations

Collision avec la grippe saisonnière. La campagne de vaccination contre la grippe A pourrait être très rapprochée de celle de la grippe saisonnière. Du coup, les médecins risquent de se heurter à l’opposition de certains patients qui redoutent que la combinaison avec le vaccin de la grippe saisonnière engendre des effets secondaires importants. Le Pr Daniel Floret rappelle qu'il faut vacciner dès la fin septembre les personnes à risque de la grippe saisonnière.

Pr Daniel Floret,
président du comité technique des vaccinations


Interrogations sur la virulence.
L'OMS comptabilise plus de 2600 décès dans le monde et 253 000 cas confirmés. Pour la métropole, l'InVS comptabilise depuis le début de l'épidémie : 2 décès de malades porteurs du virus A H1N1, 29 épisodes de cas groupés et 11 cas graves. Ce qui semble confirmer que le virus ne soit pas plus virulent que celui de la grippe saisonnière.
Mais en s'appuyant sur les données en provenance de Nouvelle-Calédonie et de l'île Maurice, l'épidémiologiste Antoine Flahaut a calculé que "la mortalité directe pourrait être cent fois plus fréquente dans le cas de la grippe pandémique A (H1N1)". Ce type de mortalité, due au virus lui-même et ne concernant donc pas que les sujets fragilisés, est rarissime pour la grippe saisonnière, avec un cas par million de malades. A l'Ile Maurice, la grippe A (H1N1) a directement tué un malade sur 10.000. Mais ces estimations ont été réalisées sur un échantillon limité et insulaire, le spécialiste estime donc qu'il ne faut pas «qu'on cède trop à la panique».
En Australie et en Nouvelle Zélande, les réanimateurs ont observé les effets du virus dans les cas de pneumopathie sévère. Selon le Pr Bruno Housset, ils ont été assez surpris par les effets sévères du virus.

 Pr Bruno Housset
, chef de service pneumologie (CHI Créteil)