Les troubles de la personnalité qui peuvent ne se traduire que par des signes modérés peuvent s'atténuer au fil du temps, mais peuvent aussi être à l'origine de problèmes psychologiques et de perturbations de la vie sociale très handicapants. C'est ce qui rend la prise en charge des personnes qui en souffrent -on estime que ces troubles concernent 10 % de la population- particulièrement difficile.
Qu'il s'agisse des troubles eux-mêmes ou de leurs conséquences les plus lourdes comme l'anxiété ou la dépression, c'est le plus souvent par la psychothérapie, qu'elle soit individuelle ou en groupe, qu'ils peuvent être pris en charge et apporter un réel mieux-être aux patients. Mais la démarche de psychothérapie prend parfois du temps avant de produire ses effets.
Soulager les symptômes les plus pénibles
C'est pourquoi lorsque ces troubles, qui se traduisent en général par une inadaptation sociale qui provoque elle-même anxiété, dépression, troubles alimentaires ou addictions, génèrent une souffrance importante, le premier geste du médecin consiste à prescrire des médicaments qui soulagent les symptômes les plus pénibles. Mais s'ils parviennent à aider au contrôle des conséquences des troubles, ces traitements ne peuvent pas guérir la cause.
Le premier des objectifs face à un patient souffrant de troubles de la personnalité, c'est de réduire la souffrance. Voilà pour le rôle des médicaments. Reste ensuite à aborder le fond du problème : aider le patient à comprendre que ses difficultés ne viennent pas des autres, de son environnement ou de simples circonstances mais de lui-même, réduire l'inadaptation de ses comportements, voire modifier les traits de personnalité qui causent ses difficultés.
Médicaments et psychothérapie pour réduire la souffrance
Pour réduire la souffrance immédiate, le thérapeute peut, parallèlement aux traitements médicamenteux, proposer un soutien psychosocial permettant au patient d'élaborer des stratégies pour mieux vivre des relations pénibles ou des situations qui provoquent cette souffrance. La priorité est en fait de limiter à la fois les doses de médicaments et la durée de ce traitement.
C'est sans doute sur la nécessité de faire comprendre au patient que ses problèmes viennent de sa personnalité que la tâche est la plus difficile : beaucoup de personnes souffrant de troubles de la personnalité ne voient pas que c'est leur propre comportement qui est inapproprié avec les conséquences néfastes qui en découlent. "Par l'établissement d'une relation médecin-patient fondée sur la coopération et le respect mutuel, le médecin peut aider la personne à mieux prendre conscience d'elle-même et à réaliser que le fait de modifier sa vision des choses et son comportement nécessitera du temps et des efforts", précise Mark Zimmerman, psychiatre à l'hôpital américain de Rhode Island.
Accès de colère ou comportements auto-destructeurs peuvent conduire à l'hospitalisation
Et si cette démarche prend du temps, des mesures plus radicales peuvent être envisagées. "Lorsque des comportements comme l'imprudence, les excès d'humeur, l'isolement social mettent en danger le patient, ses relations ou son environnement, la prise en charge peut conduire à une hospitalisation ou au placement dans un établissement spécialisé. Il arrive qu'un médecin soit obligé de sermonner le patient sur les excès de ses comportements, y compris lors des consultations et si la personne se montre trop imprudente, si elle a des accès de colère ou des comportements auto-destructeurs, elle peut être traitée en hôpital et l'hospitalisation de jour est la formule la plus souvent la mieux adaptée", explique Mark Zimmerman.