Le cholestérol est naturellement produit par l’organisme. Il est à la fois essentiel à l’organisme mais aussi dangereux. Le "mauvais cholestérol" est le LDL : il est transporté par des lipoprotéines dites de basse densité. Sa présence en excès dans l’organisme peut être la conséquence d’une mauvaise alimentation, mais pas uniquement : certaines personnes souffrent d’une forme particulière d’hypercholestérolémie, provoquée par la lipoprotéine (a), et d’origine génétique. Pour la première fois, des chercheurs australiens ont mis au point un traitement capable de réduire le taux de Lp(a) dans le sang. Leurs travaux sont présentés dans JAMA.
Cholestérol : quelles sont les conséquences d’un taux de Lp(a) élevé ?
Un individu sur cinq a un taux élevé de Lp(a) dans le monde : il est généralement défini comme tel lorsqu’il est supérieur à 50 mg/dl (500 mg/l) ou 120 nmol/l. "Les personnes présentant un taux élevé de Lp(a) et une athérosclérose peuvent présenter un risque accru de crise cardiaque, d’insuffisance cardiaque, de maladie artérielle périphérique et d’accident vasculaire cérébral, par rapport aux personnes présentant un faible taux de Lp(a), prévient la fondation FH Europe, un réseau d’associations de patients atteints d’hypercholestérolémie. Des taux élevés de Lp(a) peuvent également être associés à un risque accru de sténose valvulaire aortique (rétrécissement de la valvule permettant au sang de passer du cœur à l’aorte)."
Cholestérol : la Lp(a), un "tueur silencieux"
Il n’existe pas de traitement pour faire diminuer ce taux. Les médicaments généralement prescrits pour réduire le LDL, comme les statines, n’ont pas le même effet sur la Lp(a). "Étant en grande partie génétique, la Lp(a) est également difficile à contrôler par le biais d’un régime alimentaire, d’exercices physiques et d’autres changements de mode de vie", préviennent les auteurs de cette nouvelle étude. Pour eux, cette incapacité à soigner la Lp(a) en fait un "tueur silencieux".
Un essai prometteur pour diminuer ce taux de cholestérol
Dans leur essai, ils ont testé un médicament appelé muvalapline auprès de 114 participants. Ce traitement oral agit en empêchant la Lp(a) de se former dans l’organisme. "La muvalapline a abaissé les taux plasmatiques de Lp(a) dans les 24 heures suivant la première dose, avec une réduction supplémentaire de la Lp(a) lors d'administrations répétées, notent les auteurs dans leurs travaux. La réduction maximale de Lp(a) ajustée au placebo était de 63 % à 65 %, entraînant des taux plasmatiques de Lp(a) inférieurs à 50 mg/dL chez 93 % des participants, avec des effets similaires à des doses quotidiennes de 100 mg ou plus." Ils n’ont pas observé d’effets secondaires significatifs. Les scientifiques australiens rappellent que des études sur de plus grands échantillons de patients seront nécessaires, mais ils se félicitent d’ores et déjà de ces premiers résultats. "Ce médicament change la donne à plus d’un titre, estime Stephen Nicholls, directeur de cette étude. Non seulement nous disposons d’une option pour réduire une forme incurable de cholestérol, mais le fait de pouvoir la délivrer sous forme de comprimé oral signifie qu’elle sera plus accessible aux patients."