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Pilule

Contraception hormonale : les analgésiques augmentent le risque de caillots sanguins

Par Mégane Fleury

L’utilisation d’anti-inflammatoires non-stéroïdiens est associée à un risque légèrement plus élevé de caillots sanguins chez les femmes prenant une contraception hormonale, comme la pilule.  

Fahroni/istock
Les anti-inflammatoires non-stéroïdiens sont utilisés pour soigner la fièvre et la douleur.
Selon une étude, ils augmentent légèrement le risque de caillots sanguins chez les femmes prenant une contraception hormonale.
D'autres médicaments anti-inflammatoires ou d'autres types de contraception peuvent permettre de limiter le risque.

Les anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS) sont des médicaments fréquemment utilisés pour lutter contre la douleur ou la fièvre. Comme leur nom l’indique, ils agissent sur l’inflammation de l’organisme : des sensations de chaleur, des rougeurs ou des gonflements par exemple. Selon une étude parue dans le British Medical Journal, leur utilisation peut augmenter le risque de caillots sanguins chez les femmes qui prennent une contraception hormonale. 

Anti-inflammatoires non-stéroïdiens : comment étudier leurs effets sur le risque de caillots sanguins ? 

Ces travaux, réalisés par des chercheurs danois, portent sur les données médicales de deux millions de femmes, âgées de 15 à 49 ans. Toutes avaient été suivies pour une thromboembolie veineuse, soit un caillot sanguin dans une veine, entre 1996 et 2017. Mais elles n’avaient pas d’antécédents spécifiques. Les scientifiques se sont intéressés à leur moyen de contraception. "La contraception hormonale a été divisée en risques élevé, moyen et faible, en fonction de leur association avec la thromboembolie veineuse, sur la base d'études antérieures", précisent les auteurs. La catégorie "à risque élevé" comprenait les patchs combinés d'œstrogènes et de progestatifs, des anneaux vaginaux et des pilules contenant 50 microgrammes d'œstrogènes, soit des progestatifs de troisième ou quatrième génération. Un quart des femmes de l’étude ont utilisé des anti-inflammatoires non-stéroïdiens. "L'ibuprofène était le plus fréquemment utilisé (60 %), suivi du diclofénac (20 %) et du naproxène (6 %)", notent les scientifiques danois. Sur une période de 10 ans, plus de 8.000 événements thromboemboliques veineux sont survenus.

Un risque accru de caillot sanguin lié aux anti-inflammatoires non-stéroïdiens 

L’analyse des données montre que les femmes qui prennent des analgésiques anti-inflammatoires non-stéroïdiens en plus d'une contraception hormonale ont un risque "légèrement accru" de caillot sanguin. "En termes absolus, l'utilisation d'AINS était associée à quatre événements thromboemboliques extra-veineux par semaine pour 100.000 femmes n'utilisant pas de contraception hormonale, à 11 événements supplémentaires chez les femmes utilisant une contraception hormonale à risque moyen et à 23 événements supplémentaires chez les femmes utilisant une contraception hormonale à haut risque", concluent les auteurs. Le risque était plus élevé avec les contraceptifs oraux combinés contenant des progestatifs de troisième ou quatrième génération. 

Anti-inflammatoires et contraception : quelles leçons tirer de cette étude ? 

Les chercheurs soulignent que le risque absolu de développer un caillot sanguin grave est faible, même chez les femmes utilisant une contraception hormonale à haut risque. "Mais étant donné l’utilisation répandue de la contraception hormonale et des AINS, les femmes devraient être informées en conséquence de cette interaction médicamenteuse potentielle", estiment-ils. "Si un traitement par AINS est nécessaire, d’autres médicaments que le diclofénac semblent préférables, ainsi que des contraceptifs hormonaux à faible risque tels que des comprimés progestatifs, des implants ou des dispositifs intra-utérins", poursuit Morten Schmidt, chercheur en épidémiologie cardio-vasculaire à l’université Aarhus au Danemark.