"Au cours des dernières décennies, les femmes ont commencé à avoir des enfants plus tard en raison de changements sociétaux et de préférences personnelles. Des recherches antérieures ont montré que cela est associé à un risque accru de cancer du sein. Nos propres travaux approfondissent les mystères génétiques qui régissent ce risque", explique le Dr Biancastella Cereser, chercheuse au Imperial College London dans un communiqué. L'experte et son équipe ont entre autres découvert que le sein humain, comme d’autres organes, accumule des mutations avec l’âge.
Les mécanismes en jeu ont été présentés dans la revue scientifique Nature Communications le 6 septembre.
Cancer du sein : les mutations cellulaires augmentent avec l'âge
Pour cette étude, les chercheurs ont examiné les changements cellulaires et génétiques qui se produisent dans le tissu mammaire normal et sain chez différents groupes de femmes : des primipares de moins de 25 ans, d'autres ayant entre 35 et 55 ans (grossesse tardive) et des femmes sans enfant. Ils ont constaté que le sein accumule des mutations avec l’âge, à raison d’environ 15 par an dans le tissu épithélial. La majorité d'entre elles n’ont aucun effet négatif et ne concernent pas des gènes connus pour être associés au cancer.
Cependant, l'équipe a aussi remarqué qu'à mesure que les femmes vieillissent, les mutations des cellules mammaires deviennent plus nombreuses encore. "Il y a alors plus de chances qu'une ou plusieurs de ces mutations se produisent dans les gènes associés au cancer", selon l'experte.
La grossesse accélère le développement des mutations
Par ailleurs, les chercheurs estiment que la grossesse agit comme un accélérateur du cancer du sein, "car elle induit une expansion rapide des cellules mammaires, en préparation à l’allaitement. Si les cellules hébergeant des mutations dans des gènes associés au cancer se répliquent et se multiplient, elles pourraient avoir un avantage compétitif sur les cellules voisines non mutées, conduisant potentiellement à un effet d’emballement et, à terme, à la création d’une tumeur cancéreuse".
"Nous avons constaté que le sein humain, comme d’autres organes, accumule des mutations avec l’âge – mais aussi que la grossesse a un effet supplémentaire, ce qui signifie que les mères pour la première fois plus âgées pourraient avoir un risque plus élevé de développer des changements nocifs dans leurs cellules mammaires par rapport aux autres femmes", conclut la Dr Biancastella Cereser.
Cependant, elle précise que ces travaux ne répondent pas à des questions clés, notamment l'impact de l'allaitement maternel, l'âge aux premières règles et à la ménopause sur le risque de cancer du sein. Pour elle, il est important de poursuivre les recherches pour connaître les mécanismes génétiques découverts afin de mieux comprendre et prévenir le cancer du sein chez les femmes ayant un enfant tardivement.