Cancer, asthme, AVC... la pollution de l'air a de nombreuses conséquences sur la santé, et cela dès le plus jeune âge. Les femmes exposées aux polluants atmosphériques donnent naissance à des bébés plus petits, selon une nouvelle recherche présentée au congrès international de l'European Respiratory Society à Milan (9 au 13 septembre).
La pollution de l'air impacte le poids des nouveaux-nés
Les travaux basés sur les données de l'étude Respiratory Health in Northern Europe (RHINE) ont révélé qu'il existe une corrélation entre la pollution de l'air et le poids des nouveau-nés. Les chercheurs ont examiné les dossiers de 4.286 enfants et de leurs mères vivant dans cinq pays européens (Danemark, Norvège, Suède, Islande et Estonie). Ils ont déterminé le niveau de verdure dans les zones de résidence des femmes pendant la grossesse grâce à des images satellites, ainsi que les taux de cinq polluants atmosphériques : le dioxyde d'azote (NO2), l'ozone, le carbone noir (BC) et deux types de particules (PM2,5 et PM10).
Les analyses montrent que des taux élevés de PM2,5, PM10, NO2 et BC entraînent des réductions moyennes du poids de naissance de 56g, 46g, 48g et 48g, respectivement.
"Le moment où les bébés grandissent dans l’utérus est critique pour le développement des poumons. Nous savons que les nourrissons de faible poids à la naissance sont sensibles aux infections pulmonaires, ce qui peut entraîner plus tard des problèmes comme l'asthme et la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO)", explique Robin Mzati Sinsamala, chercheur au département de santé publique mondiale et de soins primaires de l'Université de Bergen (Norvège).
Pollution de l'air : la verdure peut atténuer ses effets néfastes
Par contre, vivre dans une zone plus verte peut atténuer les effets néfastes de la pollution de l'air sur le poids des bébés. Les futures mamans qui avaient accès à des forêts, des champs ou des parcs pendant leur grossesse, avaient des enfants plus gros (27 g de plus en moyenne) que celles habitant dans des lieux plus urbanisées.
"Nos résultats suggèrent que les femmes enceintes exposées à la pollution de l’air, même à des niveaux relativement faibles, donnent naissance à des bébés plus petits. Ils montrent également que vivre dans une zone plus verte pourrait aider à contrecarrer cet effet", ajoute l'expert. Pourquoi une telle différence ? "Il se peut que les espaces verts aient tendance à être moins fréquentés ou que les plantes contribuent à purifier l'air de la pollution, ou encore que les espaces verts signifient qu'il est plus facile pour les femmes enceintes d'être actives physiquement", avance l'auteur.
À la lecture de ces travaux, la Présidente du Conseil de défense de l'European Respiratory Society, la professeure Arzu Yorgancioğlu prévient dans un communiqué de son organisation qu'en tant que "médecins et chercheurs soucieux de la santé des enfants, nous devons faire pression sur les gouvernements et les décideurs politiques pour qu'ils réduisent les niveaux de pollution de l'air que nous respirons. Cette étude suggère également que nous pourrions contribuer à atténuer certains effets de la pollution en rendant nos quartiers plus verts".