- Le lait maternel de patientes atteintes de cancer du sein contient de l’ADN tumoral.
- A terme, l’analyse du lait maternel pourrait donc devenir une technique de dépistage.
- En France, il y a eu 12.146 décès en 2018 dus au cancer du sein, selon Santé Publique France.
A terme, cette découverte pourrait permettre de diagnostiquer plus tôt les cancers du sein chez les femmes enceintes ou les jeunes mamans. En effet, dans une étude publiée dans la revue Cancer Discovery, des chercheurs ont observé que le lait maternel de patientes atteintes d'un cancer du sein contenait de l'ADN tumoral, appelé ADN tumoral circulant (ADNct).
Dépister plus précocement le cancer du sein
“Les patientes atteintes d'un cancer du sein diagnostiqué pendant la grossesse ou, surtout, pendant la période post-partum, ont un moins bon pronostic parce qu'elles sont diagnostiquées à des stades plus avancés de la maladie”, indique le Dr Cristina Saura, auteure de l’étude, dans un communiqué. Les changements physiologiques qui se produisent dans le sein pendant la grossesse et après l'accouchement rendent les tumeurs plus difficiles à détecter. Nous avons également observé que biologiquement, les tumeurs du post-partum sont plus agressives.”
Le dépistage plus précoce chez ces femmes est donc un enjeu important. Ainsi, les chercheurs ont voulu comprendre si le lait maternel avait des traces de la maladie. Pour cela, ils ont analysé des échantillons de lait maternel de patientes atteintes d'un cancer du sein diagnostiqué pendant la grossesse ou après l'accouchement, ainsi que chez des femmes en bonne santé qui allaitaient. En parallèle, ils ont aussi prélevé des échantillons de sang sur ces patientes.
L’analyse du lait maternel plus fiable que le sang pour le diagnostic
“Nous avons constaté qu'il y avait de l'ADN d'origine tumorale circulant librement dans le lait maternel, explique le Dr Ana Vivancos, autre auteure de l’étude. Nous avons pu détecter des mutations présentes dans les tumeurs des patientes atteintes d'un cancer du sein dans les échantillons de lait maternel de 13 des 15 patientes analysées. Dans les échantillons de sang collectés au même moment, l’ADNc n’a été détecté que dans l’un d’entre eux.” Autrement dit, l’analyse du lait maternel est bien plus fiable que le sang pour diagnostiquer un cancer du sein.
Les scientifiques concluent donc que l’analyse du lait maternel pourrait devenir une technique de dépistage précoce du cancer du sein chez les femmes enceintes et les jeunes mamans, durant la période post-partum. “Cet ADNct peut être détecté avant que le cancer du sein puisse être diagnostiqué par imagerie conventionnelle", assure le Dr Cristina Saura. Néanmoins, avant que la technique ne soit validée scientifiquement, des recherches supplémentaires doivent être menées sur un panel de femmes plus large.
En France, le cancer du sein est le plus fréquent chez la femme. Il représente aussi la première cause de décès par cancer pour ce sexe avec, en 2018, 12.146 décès, selon Santé Publique France. Pourtant, selon le site de l’Assurance Maladie, il y aurait 99 % de survie à cinq ans pour un cancer du sein détecté à un stade précoce contre seulement 26 % lorsqu’il est diagnostiqué à un stade tardif.