- Près d’une infirmière sur deux a quitté l’hôpital après dix ans de carrière.
- Certaines passent en libéral, tandis que d'autres se reconvertissent.
- L'arrivée d'un ou plusieurs enfants et la dégradation des conditions de travail expliquent ce phénomène.
Près d’une infirmière sur deux a quitté l’hôpital après dix ans de carrière, selon une nouvelle étude de la DREES.
Après dix ans de carrière, 10 % des infirmières hospitalières exercent en libéral
Sur la période considérée (1989-2019) par les experts en santé publique, sur les 79 % de personnes qui ont encore un emploi salarié dix ans après leur premier poste d’infirmière hospitalière, 54 % exercent toujours cette profession à l’hôpital, 11 % sont toujours infirmières salariées mais pour un autre type d’employeur (par exemple un Ehpad, une administration publique ou en intérim), 7 % ont changé de métier mais sont restées dans le secteur hospitalier (par exemple dans un emploi administratif) et 7 % ont changé de profession et de secteur.
Dix ans après leur début comme infirmière hospitalière, 17 % d’entre elles ont un emploi indépendant en tant qu’infirmière ou en exerçant une autre profession. L’emploi indépendant est cumulé à un emploi salarié pour 4 % d’entre elles. Après dix ans, 10 % des infirmières hospitalières exercent en libéral à titre exclusif et 2 % à titre mixte.
"Ces pourcentages sont nettement supérieurs à ce que l’on observe dans d’autres professions, où l’emploi indépendant est beaucoup plus rare : au bout de dix ans de carrière, 3 % des effectifs salariés occupent exclusivement un emploi indépendant d’une autre profession et 2 % en même temps qu’un emploi salarié", explique la DREES.
Pourquoi les infirmières quittent l'hôpital public
Comment expliquer un tel phénomène ? "Devenir mère conduit les femmes qui ont exercé la profession d’infirmière hospitalière à diminuer leur volume de travail salarié", peut-on lire dans le rapport. La naissance du premier enfant entraîne ainsi en moyenne une diminution de 0,14 emploi équivalent temps plein (EQTP) du volume de travail salarié cinq ans après la naissance et de 0,22 EQTP dix ans après.
La dégradation des conditions de travail est aussi régulièrement évoquée dans les médias. "Physiquement, moralement, sur tous les points, c'est l'horreur. Ça se dégrade depuis plusieurs années, et depuis plusieurs mois, c'est encore pire. Les boxes des urgences et les lits de l'hôpital sont tous pris, les couloirs et les salles d'attente sont remplis", témoigne dans CNews une infirmière de l'hôpital de Pontoise, dans le Val d'Oise (95), expliquant arriver au travail avec "la boule au ventre".
"On sait qu'il va y avoir énormément de monde et qu'on ne va pas pouvoir faire notre travail comme on aimerait le faire. C'est une remise en question quotidienne", ajoute-t-elle.