L'effervescence contribue à la rapidité d'action des comprimés. Mais cette dissolution accélérée libérant de petites bulles gazeuses se fait au prix d’une très forte teneur en sel, source de risque cardiovasculaire, alertent des chercheurs anglais dans le British Medical Journal.
Une équipe des universités de Londres et Dundee a étudié les dossiers médicaux de plus d’1,2 million de patients en séparant ceux qui avaient pris quotidiennement pendant 13 ans des médicaments effervescents, dispersibles ou solubles et ceux qui avaient consommé les formes comprimés classiques. Résultats : pour les adeptes des comprimés effervescents, le risque d’hypertension était multiplié par 7, celui d’accident vasculaire cérébral augmenté de 22% et in fine, le risque de décès était accru de 28% par rapport au groupe de patients traités avec des comprimés standards.
Ecoutez le Pr Michel Krempf, chef du service de Nutrition et Endocrinologie du CHU de Nantes et président du groupe SALT (Sodium Alimentaire Limitons les Taux) : « La prise ponctuelle, sporadique d'un comprimé effervescent n'a pas de conséquence. C'est pour les traitements au long cours qu'il faut se poser la question de l'apport en sel ».
1 comprimé effervescent de 500 mg de paracétamol = 1g de sel = 1 poignée de chips
Les chercheurs ont en effet étudié la teneur en sel de 24 médicaments effervescents parmi les plus consommés au Royaume-Uni. Ils ont par exemple observé qu’une personne avalant 8 comprimés effervescents de 500 mg paracétamol par jour, ce qui correspond à la dose antidouleur maximale, ingère ainsi 148,8 mmol de sodium, soit 150% de la dose quotidienne recommandée et l’équivalent de 8 poignées de chips ou biscuits apéritifs salés.
Ce type de médicament trop riche en sel est donc à éviter chez certains patients à risque, auxquels on recommande déjà de surveiller leur consommation de sel. Et le message vaut aussi bien pour les traitements au long cours prescrit par leur médecin que pour tous les traitements du quotidien (aspirine, vitamine C, compléments en calcium) achetés sans ordonnance à la pharmacie.
Ecoutez le Pr Michel Krempf, chef du service de Nutrition et Endocrinologie du CHU de Nantes et président du groupe SALT (Sodium Alimentaire Limitons les Taux) : « Pour un hypertendu, un insuffisant cardiaque ou rénal, un patient sous corticothérapie, mieux vaut éviter la forme effervescente si elle n'est pas indispensable ».