200.000 femmes et leurs partenaires sont victimes d’une fausse couche chaque année en France. Pour un certain nombre d’entre elles, les médecins ne savent pas quelles sont les causes. Aux États-Unis, des chercheurs de la prestigieuse université de Yale ont découvert que l’analyse du placenta permettait de trouver, dans presque la totalité des cas, la raison de la fausse couche. Leurs résultats sont publiés dans Reproductive Sciences.
Fausse couche : une tragédie souvent inexpliquée pour les parents
"On dit souvent aux patientes qui souffrent d'une telle finalité pour leur grossesse que leur perte est inexpliquée et qu'elles devraient simplement réessayer, ce qui contribue au sentiment de responsabilité des patientes", explique l'auteur principal de la recherche, le Dr Harvey Kliman, chercheur au Département d'obstétrique, de gynécologie et sciences de la reproduction à la Yale School of Medicine. Il rappelle également que chaque fausse couche est une tragédie. "Se faire dire qu'il n'y a aucune explication ajoute une immense souffrance à ces familles", poursuit le spécialiste. Avec ses co-auteurs, il a souhaité élargir les systèmes de classification pour réduire le nombre de cas dits non-précisés.
Les anomalies du placenta expliquent une majorité des fausses couches
L’équipe a travaillé sur un groupe de 1.256 placentas provenant de 922 patientes ayant perdu leur bébé. Au total, 70 % étaient des fausses couches, lorsque la perte survient avant 20 semaines de grossesse et 30 % des mortinaissances, les cas où la perte a lieu après 20 semaines de grossesse. En ajoutant deux catégories à la classification existante, les auteurs ont pu établir les diagnostics pathologiques de 91,6 % des grossesses, dont 88,5 % des fausses couches et 98,7 % des mortinaissances. Les deux nouvelles catégories ajoutées étaient le ‘placenta à développement anormal’, soit les cas de placenta dysmorphique et le ‘petit placenta’, lorsque la taille du placenta est inférieure au 10e percentile de l'âge gestationnel. Parmi les fausses couches inexpliquées, la raison la plus fréquente observée par ces scientifiques américains était l’anomalie placentaire, qui peut engendrer des anomalies génétiques. Pour les mortinaissances, le petit placenta était responsable dans près de 34 % des cas. Les catégories déjà existantes sont l'accident du cordon, le décollement, les cas de trouble thrombotique et d’infection.
Fausses couches et mortinaissances : de la nécessité d’améliorer la prévention
"Ce travail suggère que plus de 7.000 petits placentas associés à des mortinaissances auraient pu être détectés in utero chaque année, signalant ces grossesses comme étant à haut risque avant la perte, estime Harvey Kliman. De même, l'identification des placentas dysmorphiques pourrait être un moyen de repérer des anomalies génétiques." Il rappelle aussi que ces explications sont essentielles pour aider les familles à surmonter la perte de l’enfant et pour réduire le risque que cela se reproduise à l’avenir. Surtout, ce spécialiste adresse une recommandation à ses confrères : "Mesurez le placenta !".