Les infections nosocomiales sont les infections contractées au cours d’un séjour dans un établissement de santé. Lavage des mains, isolement, nettoyage minutieux... le personnel soignant multiplie les mesures pour éviter que les malades en contractent pendant leur hospitalisation. Mais malgré ces efforts, les infections débutant à l’hôpital restent nombreuses.
En cherchant à comprendre ce phénomène, et plus particulièrement la transmission de la bactérie Clostridioides difficile (C. diff, anciennement Clostridium difficile), des chercheurs de la faculté de médecine de l'université du Michigan et du Rush University Medical Center ont fait une découverte surprenante. Ils l'ont partagé dans un article paru dans Nature Medicine.
Infection à l'hôpital : peu de transmission entre malades
Souhaitant mieux identifier l'origine des infections déclarées à l'hôpital, les scientifiques ont analysé les dossiers de plus de 1.100 patients hospitalisés et ont effectué un séquençage du génome des souches de C. diff isolées dans près de 4.000 échantillons fécaux. Les résultats de l'étude ont révélé une origine surprenante des infections nosocomiales à C. diff.
L'équipe a constaté que les souches de cette bactérie variaient considérablement d'un patient à l'autre. Ce qui indique qu'il y aurait peu de transmission entre les malades. De plus, les personnes les plus à risque de développer l'infection seraient ainsi celles qui ont naturellement la bactérie présente dans leurs intestins.
Infection à C. diff : mieux identifier les personnes à risque
"Quelque chose est arrivé à ces patients que nous ne comprenons toujours pas et qui a déclenché la transition du C. diff présent dans l'intestin à l'organisme, provoquant une diarrhée et les autres complications résultant de l'infection", explique le Pr Evan Snitkin, co-directeur de l'étude, dans un communiqué. Il est essentiel pour l'équipe de trouver des moyens d'empêcher sa survenue.
Les scientifiques comptent poursuivre leurs recherches et utiliser des modèles d'intelligence artificielle pour prédire les patients à risque d'infection à C. diff et identifier ceux qui sont plus susceptibles de bénéficier de mesures préventives ciblées.
Si leurs travaux rappellent que l'infection déclarée à l'hôpital peut être "endogène" (le malade s’infecte avec ses propres germes), les chercheurs précisent qu'ils ne signifient pas que les mesures de prévention des infections en milieu hospitalier ne sont pas nécessaires ou encore que les infections nosocomiales ne peuvent pas être acquises lors de soins (transmission de bactérie par des tiers). Pour eux, les bonnes pratiques de prévention appliquées par le personnel soignant sont responsables du faible taux de transmission de bactéries. Ainsi, ils estiment que leur étude montre la nécessité de mettre en place des mesures supplémentaires pour mieux identifier les patients à risque d'infection à C. diff et de trouver des moyens pour la stopper.