Près de 1,6 million de décès dans le monde sont dûs aux infections fongiques, des pathologies causées par des champignons, d’après l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Pour l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), les infections fongiques restent sous-estimées dans le monde alors qu’elles deviennent de plus en plus problématiques, notamment en raison de leur résistance aux traitements. "Les agents pathogènes fongiques constituent une menace majeure pour la santé publique", avait alerté l’organisme dans un rapport publié en octobre 2022.
19 champignons classés comme de "grandes menaces pour la santé publique"
Dans son rapport, l’OMS a dressé la première liste d’agents pathogènes fongiques prioritaires. Près de 19 champignons ont été classés comme de "grandes menaces pour la santé publique". Trois espèces ont particulièrement retenu l’attention de l’organisme : le Cryptococcus neoformans, qui peut conduire à une méningite, le Candida auris, qui peut induire des infections au niveau de différents organes, et l'Aspergillus fumigatus, qui peut être responsable de maladies pulmonaires. "Cette liste a pour but d’orienter et de stimuler la recherche et les interventions politiques afin de renforcer la réponse mondiale aux infections fongiques et à la résistance aux antifongiques", peut-on lire dans le document.
Moins connus que les virus ou les bactéries, les champignons se reproduisent par diffusions de spores microscopiques, qui peuvent être présentes dans le sol et l’air. Ces micro-organismes peuvent provoquer des infections superficielles, mais ils peuvent aussi induire des infections plus sévères, qui se propagent vers d’autres parties du corps par la circulation sanguine.
Infections fongiques : de graves risques pour les patients immuno-déprimés
Le muguet buccal, les mycoses vaginales ou de la peau sont des infections fongiques bénignes, qui sont généralement faciles à traiter. Chez les personnes en bonne santé, les champignons ont rarement des conséquences graves, mais ce n’est pas le cas chez les populations fragiles présentant un système immunitaire déjà affaibli comme les patients touchés par un cancer, le VIH, une maladie respiratoire chronique ou ayant vécu une transplantation d'organe.
Le réchauffement climatique ainsi que l’augmentation des voyages et des échanges internationaux pourraient, en partie, expliquer la propagation des infections fongiques dans le monde. Quant à la résistance des agents pathogènes aux antifongiques, elle est en partie due à leur utilisation inappropriée. "On utilise des antifongiques pour traiter des patients, mais aussi dans les champs pour éviter que certains champignons ne s’attaquent aux cultures (…) Certains champignons comme l’Aspergillus deviennent résistants aux antifongiques et il s’avère plus compliqué de traiter des patients qui se contaminent avec", a précisé Sarah Dellière, médecin mycologue à l’hôpital Saint-Louis (Paris) et chercheuse à l’Institut Pasteur, à Sud-Ouest.