- Les chercheurs ont identifié un modèle unique d'activité cérébrale qui reflète le processus de récupération chez les patients souffrant de dépression résistante soumis à une stimulation cérébrale profonde (SCP).
- La SCP est une thérapie qui consiste à placer des électrodes dans une zone spécifique du cerveau pour la stimuler.
- Le modèle d'ondes cérébrales identifié comme biomarqueur de guérison pourrait aider les psychiatres à mieux évaluer l'effet des soins proposés au patient.
Selon l'Inserm, environ 30 % des patients dépressifs ne répondent pas aux traitements et souffrent de dépression dite résistante. Cependant, une récente découverte, réalisée par des chercheurs de l'établissement hospitalier Mount Sinai (New York), offre un nouvel espoir aux malades. Les chercheurs ont identifié un biomarqueur qui permet d'évaluer l'évolution thérapeutique des soins.
Dépression résistante : l'activité cérébrale permet de mesurer la récupération
Les chercheurs ont analysé l'activité cérébrale de patients souffrant de dépression résistante qui étaient soumis à une stimulation cérébrale profonde (SCP). Ce soin consiste à implanter des électrodes dans le cerveau pour le stimuler de manière contrôlée. Grâce à l'utilisation de l'intelligence artificielle, les scientifiques ont pu identifier dans leurs enregistrement un modèle unique d'activité cérébrale qui correspondait à la guérison des patients. Pour l'équipe, ces schémas d'activités cérébrales particulières pourraient être utilisés par les médecins comme un indicateur mesurable (ou biomarqueur) de l'efficacité des soins.
"L'utilisation de l'IA explicable nous a permis d'identifier des schémas complexes et utilisables d'activité cérébrale qui correspondent à une guérison de la dépression malgré les différences complexes dans la guérison d'un patient", a expliqué Pr Sankar Alagapan, chercheur scientifique à Georgia Tech et auteur principal de l'étude. "Cette approche nous a permis de suivre la récupération du cerveau d'une manière interprétable par l'équipe clinique, ce qui représente une avancée majeure dans le potentiel de ces méthodes pour ouvrir la voie à de nouvelles thérapies en psychiatrie."
Dépression : d'autres signes biologiques sont interprétables
En plus de l'activité cérébrale, les chercheurs ont également observé d'autres particularités chez les patients atteints de dépressions résistantes. Ils ont entre autres confirmé une observation subjective de longue date des psychiatres : les expressions faciales des patients évoluent à mesure que leur dépression s'atténue. "Les outils d'IA de l'équipe ont identifié des modèles d'expressions faciales individuelles qui correspondaient à la transition d'un état de maladie à un rétablissement stable", précise le communiqué.
De plus, les scientifiques ont aussi remarqué que certains déficits structurels de la substance blanche du cerveau étaient liés à la durée nécessaire aux patients pour récupérer. Ces différents éléments comportementaux et anatomiques étaient corrélés avec le modèle d'activité cérébrale.
"Lorsque nous traitons des patients souffrant de dépression, nous nous appuyons sur leurs rapports, un entretien clinique et des échelles d'évaluation psychiatriques pour surveiller les symptômes. Les signaux biologiques directs provenant du cerveau de nos patients fourniront un nouveau niveau de précision et de preuves pour guider nos décisions de traitement", estime le Pr Patricio Riva-Posse, qui a aussi travaillé sur l'étude.
Stimulation cérébrale profonde : le biomarqueur pourrait faciliter la prise en charge
L'identification de ce biomarqueur ouvre de nouvelles perspectives dans le traitement de la dépression résistante. En l'utilisant, les médecins pourront effectuer plus facilement des ajustements thérapeutiques pour chaque patient, en fonction de sa réponse individuelle à la stimulation cérébrale profonde.
"En plus de nous fournir un signal neuronal indiquant que le traitement a été efficace, il semble que ce signal puisse également fournir un signal d'alerte précoce indiquant que le patient peut avoir besoin d'un ajustement du DBS avant l'apparition des symptômes cliniques. Cela change la donne dans la manière dont nous pourrions ajuster le DBS à l’avenir", précise le Dr Mayberg qui a participé à l'article paru dans le journal Nature le 20 septembre 2023.
