Il faut vacciner les personnes fragiles contre le virus respiratoire syncytial (VRS). C’est le message d’une soixantaine de médecins, signataires d’une tribune dans Le Parisien. Ils recommandent de réaliser cette année une triple campagne de vaccination pour les personnes à risque, notamment celles qui sont âgées : contre la grippe, la Covid-19 et le VRS. Deux vaccins sont disponibles en France mais ils ne sont pas encore intégrés aux recommandations vaccinales.
Tribune des médecins : qu’est-ce que le virus respiratoire syncytial (VRS) ?
"Le virus respiratoire syncytial humain (VRS) est responsable chez l’adulte d’infections respiratoires aiguës (IRA) qui peuvent entrainer des complications graves voire le décès", rappelle la Haute Autorité de Santé. Il est plus connu pour ses effets sur les enfants : ce virus est responsable de la bronchiolite. Chez l’adulte, il est particulièrement dangereux pour les personnes fragiles, celles souffrant d’un cancer ou de troubles respiratoires. "Sa dangerosité est potentiellement même supérieure à celle de la grippe, notamment si on se réfère à des données récentes françaises avec une létalité estimée entre 5 et 10 % en cas d’hospitalisation soit 1 décès toutes les 10 à 20 hospitalisations, préviennent les médecins dans leur tribune. En France, on estime qu’il y a 20.000 à 25.000 hospitalisations chaque année en rapport avec une infection sévère à VRS chez les sujets de plus de 65 ans, un chiffre très proche de celui des hospitalisations liées à la grippe."
Vaccination contre le VRS : quelle est la situation en France ?
Pour se protéger du virus, plusieurs vaccins ont montré leur efficacité. "L’un d’eux, l’Arexvy, développé par le laboratoire GSK, a bénéficié d’une autorisation de mise sur le marché par l’agence européenne du médicament (EMA) en juin 2023 sur la base d’un essai clinique publié dans le New England Journal of Medicine, revue médicale de référence, développent ces professionnels de santé. Dans cette étude, portant sur 25.000 sujets, le vaccin avait une efficacité importante de 83 % sur les infections et de 94 % sur les formes sévères de pneumopathie, avec une excellente tolérance." En France, ce vaccin est disponible mais il n’est pas intégré dans les recommandations vaccinales et surtout, il n’est pas pris en charge par l’Assurance Maladie. Or, les médecins signataires indiquent qu’il coûte plus de 200 euros.
VRS et vaccination des personnes âgées : "c'est maintenant qu'il faut agir!"
La Haute Autorité de Santé a annoncé qu’elle préparait une stratégie vaccinale à destination des pouvoirs publics. "L’objectif de ces travaux est d’évaluer la pertinence d’intégrer le(s) vaccin(s) autorisé(s) dans la stratégie de prévention des infections par le VRS chez les sujets âgés de 60 à 64 ans ayant des facteurs de risque de complications graves en cas d’infection, et chez les sujets de 65 ans et plus avec ou sans comorbidités", note-t-elle. Mais les résultats ne sont pas attendus avant octobre 2024.
Ce délai est jugé excessivement long par ces professionnels de santé. "En attendant ces recommandations et l’indispensable évaluation médico-économique, il faut que l’Assurance Maladie prenne en charge dès cette année de manière exceptionnelle le coût de la vaccination pour les plus fragiles , suggèrent-ils. Pour éviter des milliers d’hospitalisations avec une surcharge évidente sur le système de santé et bien sûr des morts potentielles, nous devons conserver la réactivité dont on a fait preuve lors de la crise Covid et privilégier la prévention." Selon ces professionnels de santé, les médecins, pharmaciens, infirmiers libéraux, sont prêts à assurer cette vaccination. "Il n’y a aucune raison d’attendre, c’est maintenant qu’il faut agir !", concluent-ils.