A l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le Sida qui aura lieu dimanche 1er décembre, experts et associations rappellent l’importance de connaître son statut sérologique. Pour soi, car plus la séropositivité est découverte tôt et plus les traitements permettent de contenir l’infection. Et pour les autres, car les 30 000 Français qui vivent avec le virus du Sida sans le savoir seraient responsables de 60% des nouvelles contaminations, soit près de 3600 par an. Pour enrayer ce que les spécialistes appellent l’épidémie silencieuse, il existe désormais 3 outils de dépistage du VIH : le test sanguin classique, le test rapide et dès 2014, l’auto-test salivaire.
Selon de récents chiffres du Bulletin épidémiologiques hebdomadaires, 5,24 millions de tests sanguins de dépistage du VIH ont été réalisées en 2012, ce qui correspond à 80 tests pour 1000 habitants, réalisés pour ¾ dans les laboratoires d’analyses en ville et ¼ à l’hôpital. En moyenne, 2 tests sur 1000 se sont révélés positifs avec des proportions plus élevées en Ile-de-France (3,9/1000), en Guadeloupe (4,5/1000) et en Guyane (8,5/1000).
Alors que le plan national de lutte contre le VIH/Sida avait instauré en 2010 l’objectif de dépistage généralisé pour l’ensemble de la population, hommes et femmes, homos et hétéros, jeunes et moins jeunes, la hausse du nombre de tests sanguins n’a été que de 5% entre 2010 et 2012.
Parfois on peut mentir sans le savoir - Aides
Le dépistage doit devenir banal
Pour les spécialistes, il y a donc urgence à dépister plus.Un rapport d’experts du Conseil national du Sida remis fin septembre à la ministre de la santé préconise que les médecins proposent systématiquement le dépistage lorsque des arguments médicaux comme un zona, une pneumopathie, une infection sexuellement transmissible, une fatigue importante ou encore une perte de poids inexpliquée laissent penser à une infection par le VIH. Par ailleurs toutes les opportunités doivent être saisies pour proposer le test : une consultation avec un nouveau patient, un check-up, un motif gynécologique (frottis, demande de contraception, désir de grossesse, retard de fécondité), une consultation de préparation d’un voyage, l’évocation d’une rupture sentimentale … Le test doit devenir un geste banal, ce qui n’est pas encore le cas, ni chez les médecins, ni chez les patients.
Les tests rapides pourraient contribuer à faciliter le dépistage, notamment dans les populations à risque. Les tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) permettent de déceler le virus en quelques minutes à partir d'une goutte de sang prélevée au niveau du doigt. Près de 32 000 ont été réalisés par les associations de lutte contre le Sida en 2012. Ils ont concerné plutôt des hommes homosexuels (40%), des migrants (30%), des usagers de drogues (7%) et des prostitué(e)s (2%). Près d’un tiers de ces personnes n’avaient jamais fait de dépistage dans leur vie. Or dans ces populations à risque, le taux de positivité est beaucoup plus élevé qu’en population générale, on compte 10,5 séropositivités découvertes pour 1000 personnes dépistées.
En 2014, un autre outil devrait changer la donne en matière de dépistage du VIH. Les auto-tests, réalisables à domicile à partir d’un échantillon de salive, vont arriver sur le marché français, la ministre de la Santé leur a donné son feu vert au début du mois.
Sortez couvert et dépisté
Mais connaître son statut sérologique ne suffit pas à se protéger de l’infection. Or deux études publiées hier dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) montrent que le message n’est visiblement pas encore passé. En Martinique, Guadeloupe et Guyane, 3 départements plus fortement touchés par le Sida que la métropole, 70% des personnes interrogées en 2011 estimaient, à tort, qu'un test de dépistage effectué régulièrement était une manière « tout à fait » ou « plutôt » efficace pour se protéger du sida, alors qu’ils n’étaient que 57% a juger que le préservatif est un moyen de prévention « tout à fait efficace ».
Le BEH démontre également le recul du préservatif chez les homosexuels masculins. Un quart des homosexuels séropositifs interrogés pour cette étude a pratiqué au moins une relation non-protégée sans connaître le statut de son partenaire et ils sont autant à ne jamais se protéger. Les homosexuels séronégatifs sont globalement plus prudents mais un interrogé sur six déclare avoir des relations non protégées avec des hommes dont il ne connaît pas le statut.
Faire le bon geste, c'est bien. Le faire au bon moment, c'est mieux. - Sida Info Service