Après une longue journée, on a hâte de tomber dans les bras de Morphée. Cependant, une fois au lit, il est impossible de s’endormir pour de nombreuses personnes. La raison : des pensées liées au passé ou au futur fusent dans leur tête et ils ne parviennent pas à arrêter de cogiter. Sur les réseaux sociaux, plusieurs internautes confient qu’ils arrivent à s’assoupir rapidement en pensant à de "faux scénarios", comme une histoire d’amour dans laquelle ils sont les personnages principaux. Cela suggère que ce à quoi l’on pense avant de dormir peut avoir un impact sur la qualité de notre sommeil. Récemment, Melinda Jackson, professeur associé à l'Institut Turner pour le cerveau et la santé mentale, et Hailey Meaklim, psychologue du sommeil à l’université de Melbourne se sont penchées sur le sujet.
Les "bons dormeurs" ont des pensées moins ordonnées et des expériences plus hallucinatoires
Dans une publication de The Conversation, les deux chercheuses australiennes ont révélé que les adultes ayant un sommeil de qualité et ceux qui dorment mal ont différents types de pensées avant de se coucher. Les "bons dormeurs" déclarent percevoir principalement des images sensorielles visuelles lorsqu’ils s’endorment, par exemple voir des personnes et des objets. Ils peuvent avoir des pensées moins ordonnées et des expériences plus hallucinatoires, comme imaginer qu’ils participent à des événements dans le monde réel. Cependant, une étude, publiée dans la revue Sleep, a révélé que même les personnes qui dorment bien peuvent avoir des problèmes de sommeil si elles sont stressées par quelque chose, comme la perspective de devoir prononcer un discours.
Chez les insomniaques, les pensées sont moins visuelles et davantage axées sur la planification
Pour les adultes souffrant d’insomnie, les pensées qui surviennent avant de dormir ont tendance à être moins visuelles. Ces pensées sont généralement plus désagréables et moins aléatoires que celles des "bons dormeurs". Autre constat : les personnes insomniaques ont tendance à planifier des choses importantes, à se concentrer sur des bruits dans l'environnement ou à résoudre des problèmes au moment du coucher. "Malheureusement, toute cette activité mentale avant le sommeil peut vous empêcher de vous endormir", ont signalé les scientifiques.
Sommeil : deux solutions pour améliorer sa qualité
D’après les auteures, certaines techniques peuvent aider à réduire l’éveil cognitif nocturne et à favoriser un sommeil de meilleure qualité. Parmi elles, on retrouve le "recentrage cognitif" qui consiste à se distraire avec des pensées positives avant de se coucher. L’idée est de penser à un scénario qui n’est pas effrayant, excitant ou stressant, mais qui peut maintenir notre intérêt et notre attention. "Par exemple, si vous aimez la décoration intérieure, vous pouvez imaginer réaménager une pièce de votre maison. Si vous êtes un fan de football, vous pouvez rejouer mentalement un passage de jeu ou imaginer un plan de match", ont précisé les chercheuses. Cette méthode a fait ses preuves chez des personnes souffrant d’insomnie, selon des recherches parues dans la revue Journal of American College Health.
En outre, la méditation de pleine conscience peut également aider à calmer l'esprit avant de dormir. Cette pratique permet d'augmenter la conscience de soi et de mieux gérer les pensées envahissantes. Des travaux, publiés dans la revue Mindfulness, ont montré que cette technique était bénéfique non seulement pour les insomniaques, mais aussi pour les adultes atteints de troubles psychiatriques, tels que la bipolarité, les troubles obsessionnels compulsifs et la schizophrénie.