- Une étude de Ludwig Cancer Research a pour la première fois analysé de manière exhaustive les cellules immunitaires connues sous le nom de neutrophiles, qui résident dans les tumeurs cérébrales.
- Les chercheurs ont ainsi mis en lumière le rôle des neutrophiles, cellules immunitaires, dans la propagation du cancer du cerveau.
- La tumeur est capable de les modifier pour favoriser la croissance tumorale ainsi que les métastases.
Une étude, réalisée par le Ludwig Cancer Research, explique comment les tumeurs cérébrales parviennent à manipuler les cellules immunitaires, appelées neutrophiles, et à les transformer afin qu'elles deviennent un élément de la croissance maligne. Leur découverte est détaillée dans la revue Cell depuis le 27 septembre 2023.
Cerveau : les tumeurs attirent des cellules immunitaires pour les transformer
En s'intéressant à l'activité des cellules immunitaires myéloïdes en présence d'un cancer du cerveau, l'équipe suisse a remarqué que les neutrophiles - qui sont également des cellules myéloïdes - s'accumulent en grand nombre dans les tumeurs cérébrales. Ils sont surtout présents dans les types les plus agressifs de gliomes et les métastases cérébrales. Pour comprendre ce phénomène, les chercheurs ont analysé plus de 190 échantillons de tumeurs cérébrales de patients et repris des études sur le cerveau de souris.
Ils ont ainsi découvert que ces cellules se regroupent autour des vaisseaux sanguins mal formés dans les tumeurs et désactivent les programmes d'expression génique qui induisent la mort cellulaire. Ce qui favorise la survie des cellules cancéreuses. De plus, les neutrophiles transformés fabriquent des molécules qui stimulent la formation des vaisseaux sanguins dans les tumeurs. En revanche, ils stoppent leur production de Dérivés Réactifs de l'Oxygène (DRO), substances qui tuent les agents pathogènes.
"Mais il s'avère que les neurotrophiles ne sont pas seulement victimes de l'immunosuppression. Ils en sont aussi ses auteurs. Les chercheurs montrent que ces cellules regroupées autour des vaisseaux sanguins tumoraux s'associent et suppriment apparemment les lymphocytes T cytotoxiques, les forces de première ligne du système immunitaire qui tuent les cellules cancéreuses et qui sont engagées par la plupart des immunothérapies approuvées", écrivent les scientifiques dans leur communiqué.
Neutrophiles transformés : deux facteurs inflammatoires identifiés
Les chercheurs ont identifié deux facteurs inflammatoires à l'origine de la transformation des neutrophiles en promoteurs de la croissance maligne. Il s'agit de la molécule de signalisation TNF-α et de la ceruloplasmine, une protéine poreuse de cuivre. Ces éléments peuvent être produits à la fois par les neutrophiles eux-mêmes et par d'autres cellules immunitaires, tels que les macrophages et les microglies.
"Notre étude montre pour la première fois comment le microenvironnement de la tumeur cérébrale attire et désarme les neutrophiles infiltrants, allonge leur durée de vie - qui est par ailleurs relativement courte - et les transforme en cellules qui suppriment les réponses immunitaires anticancéreuses tout en dirigeant la génération de vaisseaux sanguins qui alimentent le cancer en croissance", explique Johanna Joyce de Ludwig Lausanne, responsable des travaux.
"Notre identification de facteurs cellulaires et moléculaires spécifiques qui peuvent transformer les neutrophiles en agents immunosuppresseurs et pro-tumoraux dans l'environnement de la tumeur ouvre la porte au développement d'approches thérapeutiques pour rendre les cancers du cerveau plus sensibles à l'immunothérapie" estime Roeltje Maas l'une des auteures principales.