Selon des travaux de Santé publique France parus en septembre 2023, les jeunes sont les plus impactés par la détérioration du bien-être psychologique en France. Si les raisons de leurs difficultés sont nombreuses, une étude britannique met en lumière un moment charnière pour leur santé mentale : les premières années d'enseignement supérieur.
Les chercheurs de l'University College London ont publié leurs travaux dans le dernier numéro de The Lancet Public Health.
Études supérieures : des risques de dépression accrus les premières années
Pour cette recherche, les scientifiques ont utilisé les données de deux études longitudinales sur les jeunes en Angleterre. La première concernait 4.832 personnes nées en 1989-90, âgées de 18 à 19 ans dans les années 2007-2009 tandis que la seconde comptait 6.128 participants nés en 1998-1999 (ils avaient ainsi entre 18 et 19 ans pendant la pandémie de la Covid-19). Un peu plus de la moitié d'entre eux ont suivi des études supérieures.
L'équipe a découvert une association significative entre la poursuite d'études supérieures et une augmentation du risque de dépression et d'anxiété chez les jeunes.
"L'analyse suggère que si les risques potentiels pour la santé mentale liés à l'enseignement supérieur étaient éliminés, l'incidence de la dépression et de l'anxiété pourrait potentiellement être réduite de 6 % chez les personnes âgées de 18 à 19 ans", précisent les auteurs dans un communiqué.
Dépression et études universitaires : les causes restent à définir
Une autre observation intéressante de cette étude est que la différence entre les universitaires et les non-diplômés tend à s'estomper avec le temps. En effet, les chercheurs ont constaté qu'à l'âge de 25 ans, le risque accru de dépression n'était plus présent.
"Les deux premières années de l'enseignement supérieur sont une période cruciale pour le développement, donc si nous pouvions améliorer la santé mentale des jeunes pendant cette période, cela pourrait avoir des avantages à long terme pour leur santé et leur bien-être, ainsi que pour leur réussite scolaire et leur réussite à long terme", explique l'auteure principale de la recherche, la Dr Gemma Lewis.
La première auteure, la Dr Tayla McCloud, ajoute : "sur la base de nos résultats, nous ne pouvons pas dire pourquoi les étudiants pourraient être plus à risque de dépression et d'anxiété que leurs pairs. Mais cela pourrait être lié à la pression académique ou financière. Ce risque accru chez les étudiants n'a pas été constaté dans les études dans le passé, donc si l'association n'a émergé que récemment, elle peut être liée à des pressions financières accrues et à des inquiétudes quant à l'obtention de résultats élevés dans le contexte économique et social plus large".
"Nous nous serions attendus à ce que les étudiants de l'enseignement supérieur aient une meilleure santé mentale que leurs pairs non-étudiants, car ils ont tendance à provenir en moyenne de milieux plus privilégiés. Ainsi, ces résultats sont particulièrement préoccupants. Davantage de recherches sont nécessaires pour clarifier les risques pour la santé mentale auxquels sont confrontés les étudiants", reconnaît l'experte.