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Selon l'ANRS

Sida : la prévalence reste élevée en Guyane et Guadeloupe

Par Audrey Vaugrente

La lutte contre le Sida progresse dans les départements d’Outre-mer. Mais les idées reçues et discriminations sont encore trop nombreuses, selon l’Agence de recherche sur le Sida.

Aijaz Rahi/AP/SIPA

Le VIH est toujours actif aux Antilles françaises et en Guyane, malgré une baisse d’incidence. C’est le constat de l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS) après une enquête sur les Départements français d’Amérique (DFA) et le Sida. 59 personnes sur 100 000 sont concernées par le virus. C’est trois fois plus que la moyenne nationale et la persistance des idées reçues en est la principale responsable.

 

Une crainte du VIH

L’incidence du VIH est élevée dans les départements d’Outre-mer : la Guyane et la Guadeloupe sont largement au-dessus du niveau national avec respectivement 147 cas pour 100 000 habitants et 56 cas. La Martinique, elle, se situe dans la moyenne. Ces mauvais chiffres ont fait des DFA les territoires prioritaires de la lutte contre le Sida depuis 2001, notamment avec des préventions ciblées. Ces départements sont aussi ceux où l’on craint le plus une infection au VIH. Six personnes interrogées sur dix disent avoir peur pour elles-mêmes. C’est bien plus qu’en métropole.

 

Une méfiance du préservatif ?

Paradoxalement, moins d’habitants des DFA reconnaissent l’efficacité du préservatif en protection par rapport à 2004, note l’ANRS. Ils sont une immense majorité à le considérer comme une protection efficace… mais moins nombreux à le décrire comme « tout à fait efficace » (57% contre 69% en 2004). Les interrogés sont également une minorité à décrire l’usage du préservatif comme « quelque chose de banal ». Mais l’ANRS n’observe pas de relâchement des comportements préventifs. Ainsi, une immense majorité des hommes et femmes ont utilisé un préservatif pour leur premier rapport sexuel. C’est davantage qu’en 2004.  

 

La moitié des hommes et un tiers des femmes ont utilisé un préservatif dans l’année précédant l’enquête. C’est cette fois mieux que la métropole. Ce chiffre en progrès est d’ailleurs source d’espoir. Certes, l’usage du préservatif n’a pas augmenté de façon significative. Mais les évolutions positives se font chez les populations où l’on notait en 2004 un grand déficit préventif : les personnes peu diplômées, les multipartenaires âgés et les personnes très portées sur la religion. C’est donc un signe que les campagnes de prévention ont porté leurs fruits.

 

Préjugés et discriminations persistent

Des méfiances persistent cependant. Peut-être sont-elles liées au fait que les personnes interrogées sont nombreuses à penser que le VIH peut se transmettre lors d’un rapport protégé (20%). L’ANRS note que, malgré une bonne connaissance des modes de transmission du Sida, trop d’idées reçues persistent et nuisent aux campagnes de prévention. Ainsi, une personne sur cinq pense que le VIH se transmet par une piqûre de moustique. Ce chiffre est en recul en Martinique et en Guadeloupe, mais progresse en Guyane.

 

Les hommes connaissent par ailleurs moins bien le VIH que les femmes, alors que cette différence n’existait pas en 2004. Conséquence : les femmes maîtrisent mal la prévention et ont davantage de rapports non protégés. En effet, elles se disent souvent confrontées à un refus de porter le préservatif de la part de l’homme.

 

Les discriminations sont cependant très fortes dans les DFA, souligne l’ANRS, particulièrement en Guyane. Ainsi, 16% des Guyanais refuseraient de travailler avec une personne séropositive. En Guadeloupe et Martinique, ils sont 10% à l’affirmer. De même, les répondants de Guyane sont plus nombreux à affirmer qu’ils ne laisseraient pas leurs enfants ou petits-enfants à une personne atteinte du Sida. C’est mieux qu’en 2004, mais encore trop par rapport à la métropole : préjugés et discriminations persistent. L’ANRS l’explique notamment par le fait que peu de répondants connaissent une personne séropositive.